
Art, religions et laïcité: l'IREL partie prenante du projet "Sacres" à Arras
Conçu à Arras par la harpiste Claire Galo-Place et l'association L'Enclume, le projet Sacres a été en 2024 «un spectacle, une exposition et un atelier qui, au moyen de la musique, des arts plastiques et de la réflexion citoyenne» a créé «un espace pour désacraliser le dialogue autour de la religion et la non religion». L'IREL y a participé par l'entremise de Philippe Gaudin et de ses enseignants-chercheurs qui ont rédigé des panneaux pédagogiques sur les différentes religions, convictions et la laïcité mais aussi animé des ateliers en milieux scolaires et associatifs. Une courte vidéo permet aujourd'hui d'avoir un aperçu de ce travail collectif.
Visionner la vidéo sur le projet Sacres
«À chaque fois que je parlais de ce projet, explique Claire Galo-Place, mes amis chrétiens, musulmans, juifs, athées me disaient: ''Nous ?... Nous, on peut pas parler !...''. Je dis toujours qu'on ne hait pas qui on connaît.» D'où d'abord un spectacle, un concert qui, selon la metteuse en scène Marine Guérin «a une dramaturgie. On a des personnages auxquels il arrive des événements et qui les vivent donc sous le prisme du propos de 'Sacres', qui est: comment est-ce qu'on peut arriver à ranimer le dialogue entre des communautés, des personnes qui n'arrivent plus à se parler, notamment par crainte de tensions entre des communautés religieuses ou non religieuses ?». Au plan musical, l'idée avait été d'abord de «rassembler des œuvres qui parlaient d'un peu toutes les religions, comme un panorama» (Claire Galo-Place). Mais problème: «Il n'y avait rien sur l'islam... De là est né l'idée de commander au compositeur Philippe Schœller une œuvre qui réunirait les trois grandes religions monothéistes: avec un extrait de la Torah, un extrait du Nouveau Testament et un extrait des Hadith». Pour Philippe Schœller, le «travail des langues» (hébreu, araméen, arabe) a été «passionnant»: «les avoir comme matériau musical était une découverte et un champ d'invention extraordinaire. Puisqu'on avait trois langues assez proches les unes des autres (ne serait-ce que dans leur configuration géographique), on pouvait entrelacer ce qu'il y a de commun et ce qu'il y a de différent». Pour la mezzo-soprano Mathilde Caron, le «challenge» était certes de chanter dans ces langues, mais aussi de «s'adresser surtout à des publics qui n'ont pas l'habitude de venir au concert».
Des publics qui avaient pu «réfléchir et ressentir concrètement comment on peut faire société» au cours d'ateliers animés par la plasticienne Constance Grafteaux et le directeur de l'IREL à cette période, le philosophe et spécialiste de la laïcité Philippe Gaudin. Pour celui-ci, «les œuvres d'art arrivent à dire avec leurs propres moyens ce qu'on ne peut pas dire autrement. Il est important de s'adresser précisément au cœur, à la sensibilité, à l'intelligence sensible des gens. D'autant plus aujourd'hui, lorsqu'on se lance à la figure des idées meurtrières ou délétères». Des ateliers est sorti un Arbre des lumières qui, pour Claire Galo-Place est à la fois «au centre du spectacle» et «au centre de l'exposition»: «un arbre de la laïcité un peu particulier. Il est en constante évolution. Il s'enrichit à chacune de ses apparitions avec tous ses témoignages de tolérance. Il symbolise un nouveau chemin qui irait plus loin que le vivre ensemble côte à côte. Ce serait le chemin du faire ensemble». Pour l'exposition Les jardins de lumière, rappelle Claire Galo-Place, les membres de l'IREL «ont réussi à écrire des textes très courts, précis et accessibles qui permettent à tout à chacun d'avoir une référence sur les principales religions, sur la non-croyance et sur la laïcité».

Philippe Gaudin (IREL) au cours d'un des ateliers