Sommaire

Résumé

L’ouvrage s’ouvre sur une mise au point technique, mais tout à fait claire, sur les « rapports entre la grâce divine et la liberté humaine » (p. 7) dans la théologie du premier xvii^e siècle. Au terme de recherches érudites, Jansénius se convainc d’une différence fondamentale entre la grâce reçue par Adam et celle donnée par Jésus-Christ. Selon lui, lorsque l’homme n’était pas encore soumis au péché originel, la liberté de la personne le laissait appliquer cette grâce comme il l’entendait alors que celle offerte par Jésus-Christ, étant une « grâce de libérateur et de rédempteur » (p. 20), ne pouvait que soumettre la liberté de l’homme en la guérissant. Il communiqua cette découverte à l’abbé de Saint-Cyran qui, par ailleurs, avait rejoint le parti dévot dans sa lutte contre Richelieu. Divers autres événements politiques accrurent la volonté du cardinal-ministre de contrer l’influence de Saint-Cyran et il réussit à le faire enfermer.

Cette superposition d’enjeux politiques et spirituels, autour de la controverse du délai d’absolution, conduisit le pouvoir à lutter contre ceux qui, dorénavant, s’appelleraient les jansénistes. L’opposition des groupes jansénistes à la construction de l’absolutisme semble bien plus que les questions théologiques de la grâce l’origine de leur persécution par le pouvoir royal. Se regroupant autour du monastère de Port-Royal, les jansénistes recrutaient principalement dans les milieux parlementaires. Les démarches à Rome de leurs opposants aboutirent en 1653 à la condamnation de cinq thèses attribuées à Jansenius. Ce n’est qu’en janvier 1656 que le débat passa « de la Sorbonne aux salons » mondains (p. 70) par la publication de la première Provinciale de Blaise Pascal. Après une période de paix, le débat reprit à partir de 1679, lorsque Louis XIV décida de lutter contre ces lieux d’opposition à son pouvoir. Cette deuxième période de trouble est marquée par l’action d’Arnaud, réfugié à Bruxelles, et de Quesnel, érudit qui devint le chef de la faction janséniste jusqu’à sa mort. Sa condamnation par Rome en 1713 par la bulle Unigenitus déchira l’Église de France entre les partisans et les adversaires de cette bulle. Cela permit le passage d’un jansénisme religieux pour lequel, malgré les évidentes implications politiques de leur persécution, les discussions théologiques étaient fondamentales à un jansénisme plus politique, qui marqua tout le xviii^e siècle et qui se voulait le défenseur du gallicanisme et du pouvoir des magistrats contre les absolutismes royal et pontifical.

• Domaine : christianisme.

• Sous-domaine : Catholicisme. Clergé. Ordres religieux. Croyances. Réforme et Contre-Réforme. Théologie. Vie politique.

• Profil : ouvrage grand public.

Les points forts

• L’attention aux enjeux politiques et sociaux de la querelle religieuse.
• La grande pédagogie avec laquelle l’A. fait comprendre des querelles théologiques parfois difficiles à comprendre.
• La finesse d’analyse dans la présentation de l’opposition du pouvoir royal aux groupes jansénisants.
• L’attention aux dimensions humaines de la querelle par une mise en valeur du rôle que purent avoir les amitiés et les inimitiés dans les prises de position de chacun.
• La conclusion, modèle de nuances et de finesse.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.