Sommaire

Résumé

Le premier chapitre traite de l’identité « civilisationnelle » de l’Europe que Jean-Paul Willaime caractérise d’emblée comme plurielle, et du rapport de celle-ci avec les religions. Il définit la laïcité par quatre caractéristiques essentielles :

• neutralité confessionnelle de l’État et de la puissance publique, ce qui implique au niveau collectif l’autonomie de l’État par rapport à tous les pouvoirs religieux et l’autonomie des religions par rapport à l’État, au niveau individuel la dissociation de la citoyenneté et de l’appartenance religieuse ;

• reconnaissance de la liberté religieuse et de la liberté de non-religion ; reconnaissance de l’autonomie de la conscience individuelle, c’est-à-dire liberté de la personne par rapport à tous les pouvoirs religieux et philosophiques, et respect des droits de l’homme ;

• réflexivité critique appliquée à tous les domaines (religion, politique, science, économie...) ;

• libre examen et débat contradictoire.

Cette laïcité est un bien commun de l’Europe, son respect et sa promotion sont compatibles avec divers modes de relations Églises - État ; elle  définit un espace dans lequel peuvent se déployer des cultures religieuses et philosophiques particulières. L’auteur note cependant la perte d’emprise de la structuration sociale et culturelle du religieux, particulièrement chrétien.

Le deuxième chapitre aborde la question de la place des religions dans la construction européenne, entre œcuménisme et tensions confessionnelles : Jean-Paul Willaime revient en particulier sur le débat autour de la référence à l’héritage religieux dans la constitution européenne et sur les relations entre l’État et les religions en Allemagne, où les cultes sont reconnus.

Le troisième chapitre consacre un long développement à la question « École et religions en Europe », qui permet d’analyser les rapports entre État, société et religions à travers le prisme de l’école avec les exemples de l’Allemagne, du Danemark, de la Grande-Bretagne, de l’Espagne et plus particulièrement celui de la situation française (histoire scolaire et débat social) qui comporte sa propre pluralité avec un enseignement religieux proposé en Alsace-Moselle.

Le quatrième chapitre traite des relations entre politique et religieux dans les sociétés sécularisées et pluralistes, marquées par le questionnement critique appliqué à tous les domaines et l’individualisme, caractéristiques de l’« ultramodernité » : l’État ainsi que les institutions publiques se laïcisent et le religieux se recompose.

Enfin, le cinquième chapitre analyse la laïcité française au défi de l’Europe : nécessité de dépasser les contentieux historiques et une méfiance séculaire à l’égard des religions pour aller vers une laïcité citoyenne capable « d’intégrer positivement les apports sociaux, culturels et éthiques des religions » (p. 345).

Points forts

• Un précieux état des lieux sur la religion dans l’Europe contemporaine et ses relations avec le politique.

• Très grande diversité des thèmes abordés : aspects géographiques et symboliques de l’Europe, pluralité religieuse européenne, enseignement du fait religieux ou des religions en Europe, évolutions contemporaines des religions...

• Un plaidoyer pour une laïcité française qui s’intègre dans le champ européen et pour une Europe qui redécouvre l’apport citoyen des religions.

• Une réflexion particulièrement bienvenue au moment de la phase d’élargissement dans la construction européenne.

Utilisation possible dans les programmes scolaires