Bibliographie
Sommaire
Résumé
Cette synthèse sur l’histoire de la laïcité en France s’ouvre sur une histoire du mot « laïcité », que l’auteur qualifie de « néologisme militant ». La formation du mot reflète les grandes phases des rapports entre l’État et les Églises, à partir du Moyen Âge, sous l’Ancien Régime et jusqu’au XIXe siècle, qui finit, très tardivement, par adopter le mot même. L’auteur définit la laïcité comme un humanisme, car « la pensée laïque s’efforce de libérer l’esprit humain, en confortant son indépendance et son autonomie ». Il insiste sur l’œuvre des penseurs et « pères fondateurs » de la laïcité, notamment Edgar Quinet, Jules Ferry et surtout Ferdinand Buisson. Il présente leur combat pour la laïcité scolaire comme primordial, sans s’attarder cependant sur la loi de 1905, faisant uniquement de la loi de Séparation l’aboutissement d’une phase active de laïcisation. Il relate ensuite « l’enracinement d’un principe » grâce à l’apaisement avec les catholiques à partir de la Grande Guerre, puis décrit à grands traits les relations actuelles de l’État avec les cultes. Il finit par un chapitre sur les « signes extérieurs de religion » qui fait le lien entre les querelles d’autrefois sur les crucifix ou les processions et la crise contemporaine du « voile ». La conclusion insiste sur le fait que, dans les rapports entre l’État et les cultes, la priorité est aujourd’hui d’éviter qu’une conception antireligieuse de la laïcité ne vienne entraver les efforts en faveur de l’intégration des populations de tradition musulmane.
Points forts
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Les développements sur l’histoire et la formation du mot « laïcité » sont éclairants.
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Cette synthèse sur l’histoire de la laïcité a l’avantage d’être courte (250 p) tout en parvenant à donner l’essentiel depuis les temps anciens jusqu’aux questions les plus actuelles.
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Le chapitre sur les relations diplomatiques entre la République et le Saint-Siège décrit avec objectivité une réalité rarement abordée sans esprit polémique, sauf par l’ouvrage académique de Maurice Larkin, L’Église et l’État en France. 1905 : la crise de la Séparation(Privat, 2004)1.
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La conclusion est plus politique que le reste de l’ouvrage, mais elle présente assez justement la situation actuelle en plaçant l’intégration en tête des priorités actuelles dans le champ des relations entre l’État et les cultes.
Points critiques
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La seule lacune véritablement gênante de l’ouvrage est la trop grande brièveté du passage consacré à la loi de 1905. L’auteur ne prend pas le temps de montrer les enjeux du débat sur la façon de « faire la Séparation » et de s’attarder sur les définitions concurrentes de la laïcité que ce débat a pu révéler. En montrant comment est née cette loi libérale, l’auteur aurait pu davantage éclairer les liens entre laïcité et liberté : la liberté ne se comprend pas seulement comme l’autonomie de l’esprit acquise contre l’emprise des clergés, mais aussi comme la faculté laissée aux Églises après 1905 de s’organiser librement hors de toute immixtion du pouvoir politique.
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Ce livre ayant paru au début de la campagne présidentielle, et l’auteur soutenant la candidature de M. Sarkozy, la conclusion n’écarte pas l’idée d’une révision de la loi de 1905 évoquée par le candidat. En effet, l’auteur termine sa conclusion en suggérant discrètement et prudemment que les pouvoirs publics feraient un acte de justice en aidant les musulmans à bâtir des mosquées, puisque les communes financent déjà de fait l’entretien d’un certain nombre d’églises catholiques dont elles sont propriétaires.
YB
1 Voir la fiche de LARKIN Maurice, L’Église et l’État en France. 1905 : la crise de la Séparation, Toulouse : Privat, Bibliothèque historique universelle, 2004, 284 p.: http://www.iesr.fr/index546.html.
Référence du document
Recension : « Darcos Xavier, Bruley Yves, DARCOS Xavier, L'État et les Églises : la question laïque, Paris : Odile Jacob, 2006, 278 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/darcos-xavier-letat-eglises-question-laique-paris