Sommaire

Résumé

La laïcité n’est pas une exception française, ni seulement propre au monde occidental. Elle n’est l’apanage d’aucune culture, mais peut au contraire exister même là où le terme n’a pas été traditionnellement utilisé. Dans le contexte d’une mondialisation qui n’est pas une occidentalisation, il existe bien des laïcités, qui résultent d’histoires diverses, se fondent sur des fondements philosophiques différents, s’inscrivent dans des réalités sociales, culturelles et politiques variées. La laïcité n’est pas un concept intemporel, « un pur concept platonicien dans le ciel des idées ».

Ce qui rapproche les laïcités, c’est le franchissement d’un certain seuil dans le processus de laïcisation. L’auteur cherche dans la diversité du monde actuel les situations dans lesquelles « l’État ne se trouve plus légitimé par une religion ou une famille de pensée particulière » mais par « une souveraineté populaire », où « l’ensemble des citoyens peut délibérer pacifiquement, en égalité de droits et de dignité » et où la pluralité des conceptions religieuses n’empêche pas la recherche d’une harmonie sociale.

Cette approche veut montrer l’intérêt d’une histoire de la laïcité conçue par « seuils » successifs et bien caractérisés. Cette vision, qui doit finalement beaucoup aux fondateurs français de la laïcité, de Ferdinand Buisson à Aristide Briand, s’est toujours préoccupée de comparer le cas français avec celui des autres pays. Dans un retour à son origine culturelle et sémantique qui n’est paradoxale qu’en apparence, l’auteur en revient finalement à l’étymologie grecque de la laïcité, le laos des Anciens, qu’il entend traduire comme « le peuple » non structuré selon la religion. Cette laïcité vue comme la « dissociation entre la citoyenneté et l’appartenance religieuse, est aussi la garantie du pluralisme dans un idéal de liberté et d’égalité », mais les formes de laïcités dans le monde, qu’elles soient passées, actuelles et futures, connaissent toutes cette tension entre principe de citoyenneté et principe de pluralisme.

Points forts

• Cette synthèse est le complément « international » de l’autre « Que sais-je ? » de Jean Baubérot, Histoire de la laïcité en France1.

• L’ouvrage fait connaître au public français des travaux peu connus en France non seulement sur les autres pays européens, dans une perspective comparatiste, mais aussi sur d’autres grandes zones culturelles à travers le monde Le but est de dégager des points de convergence propres à des « processus de laïcisation » universels, mais aussi de montrer la grande diversité des situations et des formes de laïcités.

YB