Sommaire

Résumé

L’avant-propos précise l’objet de l’ouvrage : une« biographie intellectuelle » du philosophe Averroès connu en Occident comme le philosophe qui a redécouvert et transmis la pensée d’Aristote. Cette biographie, de lecture souvent ardue, complète celle de Roger Arnaldez avec un objectif identique : retrouver le penseur dont la pensée n’a cessé d’être déformée depuis les traductions latines médiévales. L’entreprise est difficile, car les sources sont rares. D. Urvoy les confronte à des données historiques : les milieux qu’Averroès a côtoyés et les événements politiques qui ont agité l’islam occidental au cours du XII^e siècle, en particulier la révolution Almohade. Trois chapitres présentent la lignée familiale des Banû Rushd, la formation andalouse reçue par Averroès, en particulier religieuse, et sa connaissance des sciences profanes alors peu prisées dans l’Occident musulman.

Le quatrième chapitre brosse le portrait d’« une personnalité engagée mais discrète » (p. 76), et le chapitre V recense les multiples intérêts du jeune Averroès, médecine, astronomie, et son « premier aristotélisme sans audace » (p. 99). Les chapitres VI et VII montrent l’effort d’Averroès, cadi à Séville puis grand cadi de Cordoue, pour concilier en pratique et en théorie la Loi religieuse et la Sagesse. L’activité philosophique, le « legs » et la réception de la pensée d’Averroès dans l’Occident musulman font l’objet du chapitre VIII.

Le dernier chapitre évoque le temps des épreuves, l’exil et la mort en 1198.

Points forts

• La confrontation permanente de l’œuvre et de la personnalité d’Averroès avec le contexte culturel et politique offre des analyses historiques et sociologiques détaillées et des portraits de personnages importants (Ibn Tûmart, fondateur de la secte des Almohades ; les philosophes andalou Ibn Bâdja (mort vers 1138) et Ibn Tufayl, (m. 1185), protecteur d’Averroès, auteur d’un roman philosophique célèbre Le vivant, fils du Vigilant et médecin du sultan ; Abû Ya‘qûb, « prince éclairé » p ; 89 ; le célèbre médecin Abû Marwân ben Zuhr très connu en Occident sous le nom d’Avenzoar.

• Une interrogation sur les relations complexes entre la pensée d’Averroès et celle des grands lettrés orientaux, Avicenne (980-1037), philosophe et médecin et surtout le juriste et théologien ash‘arite al-Ghazâlî (1058-1111), dont le traité juridique Mustasfâ a influencé Averroès alors qu’il a combattu avec vigueur le « syncrétisme » de son œuvre théologique au nom du rationalisme.

• L’adhésion d’Averroès à certains aspects de la doctrine almohade : Averroès a commenté « d’enthousiasme » (p. 57) la profession de foi du mahdî Ibn Tûmart sur l’unicité de Dieu (tawhîd) et a montré un grand intérêt pour la force de la rigueur de l’almohadisme.

• La présentation du projet intellectuel d’Averroès, d’une vie consacrée à la recherche de la cohérence entre la Loi et la Sagesse et non au combat de la philosophie contre la religion.

• Les annexes : une bibliographie en six rubriques avec de nombreux ouvrages en espagnol et en anglais. Et deux outils précieux: la chronologie, afin de situer Averroès dans l’histoire politique et intellectuelle de son temps ; les notices détaillées sur les grandes notions indispensables pour s’initier à la pensée philosophique et théologique du monde musulman médiéval.

Utilisation possible dans les programmes scolaires