Traduit de l’anglais [1987] par Odette Guitard.
Sommaire
Résumé
L’autorité politique en pays d’Islam est fondée sur des sources religieuses (Coran, hadîths…) et s’incarne dans une communauté, l’Umma, fidèle à un ensemble de droits et devoirs inspirés par un modèle de conduite (shahrî‘a) dont la finalité est la soumission à Dieu. Elle intègre également de nombreuses influences : du tribalisme à l’autocratie turque (chap. 1). L’État-nation est un concept étranger à l’islam et introduit par l’Occident. Historiquement la communauté islamique s’est divisée en « entités politiques » qui n’ont jamais constitué des nations. Le nationalisme et les valeurs libérales sont mal acceptés dans le monde musulman, en particulier par les couches populaires (chap. 2). Le compromis entre le pouvoir séculier et religieux se maintient depuis le Xe/XIe siècles jusqu’à la rencontre avec l’Occident aux XVIIIe/XIXe siècles. L’échec du réformisme musulman, en affaiblissant les religieux traditionnels, favorisa l’action de « l’islam radical ou militant » (chap. 3). La réalisation de l’État-nation et du pluralisme politique se heurte aujourd’hui dans les États arabes à la question de la laïcité. Face au militantisme de l’islam radical, les minorités non-musulmanes tendent à renoncer à la défense de la laïcité et se replient sur un statut discriminant mais qui protège leurs droits et leur assure la tolérance (chap. 4 et 5). Depuis les années 1980, la Méditerranée redevient une « arène » où s’affrontent l’Europe et le monde musulman, seul le partage d’ « un noyau de valeurs fondamentales communes (p. 191) pourrait rapprocher les deux cultures (chap. 6).
Points forts
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Une étude qui prolonge celle des grands orientalistes anglo-saxons, C. C. Adams (1933). W.C. Smith (1957) et H.A.R. Gibb (1947 et 1950) et s’inscrit dans les débats sur l’islam depuis les années 1980.
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La thèse centrale de l’auteur développée dans les chap. 2 et 3 (qui rassemblent des conférences données en 1982-1983 à la Fondation Patten) : le nationalisme est « incompatible » (p. 70) avec l’islam. En l’absence de sécularisation, les pays musulmans ne pourront se constituer en États-nations. L’islam radical concurrence l’État-nation, thèse pessimiste dont le corollaire est le développement des « clivages confessionnels » et la « fermeture à la culture moderne ». Pour un autre point de vue sur l’évolution des mouvements islamistes voir Abderrahim Lamchichi.
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Une présentation synthétique de l’idéologie de l’Égyptien Seyyed Qotb (exécuté en 1966), théoricien des Frères musulmans (p. 98-105 et 151-153).
Utilisation dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Première pro |
histoire |
le fait religieux depuis 1850 |
Terminale |
géographie |
les grandes aires de civilisation |
NS
Domaines religieux : Islam, Islam : Politique et société : Relations avec l’État
Guide des ressources :
Référence du document
Recension : « Vatikiotis Pananayotis J., VATIKIOTIS Pananayotis J., L’islam et l’État, au milieu du XIIIe siècle, Paris, Gallimard « le Débat », 1992, 192 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/vatikiotis-pananayotis-j-lislam-letat-au-milieu-du