Notes bibliographiques
Sommaire
Résumé
Cet inventaire de textes, publié pour la première fois en 1963, accompagne l’œuvre majeure de Bernhard Blumenkranz intitulée Juifs et chrétiens dans le monde occidental (430-1096), rééditée un an auparavant. L’ambition de l’auteur est de fournir « les pièces à conviction » de sa thèse. L’auteur répertorie 241 textes de la littérature occidentale du haut Moyen Âge qui contiennent des mentions relatives aux juifs et au judaïsme. Le classement est chronologique. Le texte le plus ancien est un extrait des Collationes de Jean Cassien (v. 426-428), et les occurrences les plus récentes sont issues de la Disputatio Iudei et Christiani de Gilbert Crispin qui date de la fin du xie siècle. L’auteur considère en effet que la première croisade prêchée par le pape Urbain II en 1095 constitue un tournant radical et irréversible dans le sens d’une dégradation progressive de la condition des juifs dans l’environnement latin. Chaque notice livre une analyse, parfois inédite à l’époque de la première publication de l’ouvrage, des mentions répertoriées. Les textes les plus longs appellent de véritables études, complétées par des notices sur les auteurs, à l’instar des traités d’Agobard de Lyon et de son successeur Amolon. Les ouvrages historiques qui ont exploité la source sont systématiquement indiqués, permettant de faire le point sur l’état de la recherche à la date de publication de l’ouvrage.
Points forts
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Ce livre est le résultat d’un travail d’envergure, d’un dépouillement méticuleux effectué sur plus de dix ans. On ne saurait trop insister sur sa richesse, sa fiabilité et son utilité. La démarche rigoureuse va beaucoup plus loin qu’une simple recension. L’auteur exerce son regard critique d’historien et met le chercheur en garde contre le risque d’une perception erronée de l’image des juifs et du judaïsme chez les auteurs chrétiens du haut Moyen Âge occidental. Il rappelle, en outre, le principe fondamental selon lequel les textes ne doivent jamais être analysés en dehors de leur contexte.
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La littérature ecclésiastique est représentée dans sa grande variété et les traités de polémique ont la part belle. Mais l’auteur se plonge également dans d’autres sources, telles que les chroniques (Grégoire de Tours, Bède le Vénérable, Aimoin de Fleury, Adhémar de Chabannes, Raoul Glaber), l’hagiographie, la littérature épistolaire (correspondances pontificales, échanges entre Alcuin et Charlemagne, lettres d’Hincmar de Reims). Il manifeste un souci d’équilibre en soulignant les échantillons de la polémique juive anti-chrétienne qui apparaissent dans les correspondances de Paul Alvare de Cordoue, ainsi qu’en relevant les mentions révélatrices d’attitudes mesurées, voire conciliantes envers les juifs.
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Même si le corpus de la littérature latine a été largement augmenté depuis 1963 et les techniques de recension de mentions, révolutionnées par l’outil informatique, cet ouvrage reste, aujourd’hui encore, un instrument de travail utile et précieux pour les chercheurs.
JS
Référence du document
Recension : « Sibon Juliette, Blumenkranz Bernhard, BLUMENKRANZ Bernhard, Les Auteurs chrétiens latins du Moyen Âge sur les juifs et le judaïsme, Paris-Louvain, Peeters, coll. de la Revue des Études Juives, 2007, 304 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/blumenkranz-bernhard-auteurs-chretiens-latins-du