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GAUCHET Marcel, Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Galimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1985, 303 p.

Par
Présentation, p. I à XXIII.

Sommaire

Résumé

L’auteur élargit le concept wébérien de « désenchantement du monde » qui devient « l’épuisement du règne de l’invisible » (p. II) dans le monde d’ici-bas. Pour l’auteur, le christianisme portait déjà en lui les germes de cette sortie de la religion qui caractérise le monde moderne. Cette sortie de la religion ne signifie pas la fin du religieux, mais simplement la fin de cet état natif où la religion informait de part en part l’habitation du monde et l’ordonnance des êtres.

Dans une première partie, l’auteur brosse un tableau du religieux comme phénomène historique et repère ses transformations dans le temps. Pour lui, l’histoire du religieux est celle de sa remise en question. La religion pure, c’est la conjonction absolue des dieux et de l’univers dans un donné inquestionnable et immobile. L’ordre est intégralement reçu du passé et l’homme le vit dans une dépossession totale de ses fondements. Avec la mutation religieuse axiale (800 à 200 av. JC) apparaît, en même temps que l’État, un dieu unique, tout autre, extérieur à un monde qu’il a créé et auquel il donne un sens accessible aux hommes (la révélation). Rationalité, individualité/liberté, appropriation transformatrice du monde naturel, les trois axes fondamentaux de notre univers selon l’auteur, découlent de cette transformation. Il décrit cette mutation dans tous ses aspects : compréhension du monde, structure de la société, rapport à la nature.

Dans une seconde partie, il applique cette analyse au christianisme qui a été au fondement du développement de l’Occident, dans la continuité du judaïsme et avec l’apport de la pensée philosophique grecque. Le christianisme reprend et prolonge la mutation axiale avec Jésus, homme-dieu, incarnation du lien entre l’ici-bas et l’au-delà, « messie à l’envers » qui prêche l’amour et non la guerre, la loi de l’autre monde contre celle de l’ici-bas. Le christianisme est donc la religion qui unit d’une manière tout à fait originale l’universalité du dieu personnel et l’extranéité du croyant au monde. Son exigence d’adhésion intellectuelle et personnelle introduit les germes de l’esprit d’examen. D’un autre côté, le face-à-face entre le pouvoir politique, qui tend à incarner la société d’ici-bas, et l’Église, qui est repoussée vers la gestion de l’au-delà, donne progressivement naissance à la politique moderne. La mutation aboutit aux alentours de 1700 à la plus grande rupture jamais produite : « l’établissement du devenir des hommes aux antipodes de sa logique d’origine et de son mode de presque toujours » (p. 233). A l’émergence de l’individu libre et responsable de lui-même correspond celle de l’État comme être collectif constitué à l’origine à partir de la volonté de ses membres : la démocratie est le fruit d’une longue évolution. Pour l’auteur, la religion comme institution n’a pas d’avenir, mais elle continuera d’exister à travers la culture et comme expérience personnelle.

Points forts

  • Une analyse brillante fondée sur l’élucidation de paradoxes : conjonction de l’incarnation et de l’ascèse extra-mondaine, du monisme et du polythéisme, du dualisme et du monothéisme.

  • Le dévoilement, à travers l’histoire religieuse et surtout celle du christianisme, de l’évolution des schémas intellectuels qui sous-tendent les sociétés humaines depuis les origines.

  • Une vision originale de la démocratie occidentale comme aboutissement logique, dans le domaine politique, de l’évolution de la religion, particulièrement du judéo-christianisme, « religion de la sortie de la religion ».

Utilisation possible dans les programmes scolaires

A part une utilisation éventuelle pour des cours de philosophie, cet ouvrage n’est pas vraiment directement utilisable dans les programmes scolaires.

Classe

Discipline

Thèmes du programme

Terminale

Philosophie

Épistémologie, notion de religion.

AP

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Monothéisme, Désenchantement (du monde), Polythéisme, Dualisme, Monisme
Domaines religieux : Généralités
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Gauchet Marcel, GAUCHET Marcel, Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Galimard, « Bibliothèque des sciences humaines », 1985, 303 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/gauchet-marcel-desenchantement-du-monde-histoire

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