Nombreuses illustrations in texto, carte, chronologie en annexe, bibliographie et notes
Sommaire
Résumé
« Pharaon et faux prophète », dès le titre, le ton est donné : l’auteur s’attaque à l’une des énigmes les plus controversées de l’histoire ancienne, Akhenaton et sa prestigieuse épouse Néfertiti, et n’hésite pas à prendre position. Aménophis IV-Akhenaton est considéré par certains comme un mystique, fondateur de la première religion monothéiste sous la forme du culte exclusif d’Aton, le disque solaire. L’auteur, quant à lui, défend la thèse selon laquelle Akhenaton a utilisé la religion à des fins politiques pour assurer son autorité et concentrer les pouvoirs entre ses mains face au puissant clergé du principal dieu traditionnel Amon-Râ.
L’ouvrage présente les étapes des différentes découvertes archéologiques, dont la ville capitale Akhetaton créée par Akhenaton, l’actuel site d’el-Amarna. C’est à travers ces découvertes qu’est présentée l’histoire du pharaon et de sa famille. Les trois premiers chapitres sont consacrés au contexte de la découverte du site d’el-Amarna et à la situation politique et économique de la XVIIIe dynastie. L’empire est à son apogée sous le règne d’Aménophis III : sur le plan religieux, Amon-Râ a vu son rôle de divinité principale du pays se renforcer et la puissance économique de son clergé s’est accrue. Les oracles du dieu contribuent à la légitimité du souverain et les prêtres qui les délivrent détiennent ainsi un pouvoir politique important.
Les cinq chapitres suivants présentent la vie et l’œuvre d’Aménophis IV-Akhenaton avec les changements qu’il introduisit dans les domaines religieux, artistique aussi bien que politique. Les représentations naturalistes de la triade Aton-Akhenaton-Néfertiti deviennent omniprésentes dans la vie du pays, ritualisant ainsi tous les actes des citoyens autour de la famille royale ainsi promue au rang divin. L’abandon de Thèbes au profit de la ville nouvelle Akhetaton (el-Amarna) comme capitale du royaume marque la rupture avec l’ordre précédent. C’est, selon l’auteur, une période de terreur qui commence dans le royaume avec la campagne de destruction du culte des autres divinités et en particulier d’Amon. Celui-ci sera rétabli très rapidement à la mort d’Akhenaton.
L’étude minutieuse des monuments – et surtout des inscriptions – permet de remettre en cause certaines théories longtemps admises, notamment sur le rôle de Néfertiti. Pour l’auteur, loin d’avoir été écartée au profit d’une seconde épouse, elle aurait assuré la corégence, voire même la royauté après le décès de son époux. De même, des inscriptions trouvées dans la tombe du roi pourraient laisser entendre que celui-ci était retourné à la religion traditionnelle avant sa mort. Bref, un livre stimulant qui présente « autrement » ce pharaon controversé, mais dont toutes les hypothèses ne sont pas représentatives de l’opinion dominante parmi les égyptologues.
Points forts
Le texte s’appuie constamment sur les découvertes archéologiques replacées dans leur contexte historique actuel pour présenter les différentes hypothèses concernant Akhenaton. C’est donc aussi un aperçu du travail minutieux des égyptologues dans l’élaboration et la vérification de leurs hypothèses, sous la forme d’une enquête autour d’un mystère.
M-O.K
Référence du document
Recension : « Reeves Nicholas, Kaas Marie-Odile, REEVES Nicholas, Akhenaton et son dieu, pharaon et faux prophète, Paris, Autrement, 2004, 266 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/reeves-nicholas-akhenaton-son-dieu-pharaon-faux