.
Sommaire
Origine et signification
Pessah (litt. « passer par-dessus ») est, avec Chavouot et Soukkot, l’une des trois fêtes juives dites de pèlerinage (parce que jusqu’à la destruction du Temple, elles étaient marquées par un pèlerinage des Israélites à Jérusalem). Commençant le 15 du mois de Nisan (correspondant à une date variable en mars ou avril dans le calendrier grégorien), elle est célébrée durant huit jours en diaspora, les deux premiers et les deux derniers étant chômés, et durant sept jours en Israël où seuls le premier et le dernier jour sont fériés. Les jours du milieu sont appelés ‘Hol Hamoed (jours intermédiaires) et la plupart des activités habituelles y sont autorisées.
Fête agraire qui rappelle la célébration du printemps et le début de la saison de la moisson de l’orge, Pessah comporte également une dimension biblique puisqu’elle commémore l’Exode, la fin de l’esclavage du peuple d’Israël en Égypte et l’avènement du peuple juif après le don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï. Son appellation renvoie à la Dixième plaie au cours de laquelle l’Ange de la mort tua tous les premiers-nés égyptiens, mais passa au-dessus des maisons juives qu’il épargna (Exode 12,27), ces dernières ayant été signalées par du sang d’agneau répandu sur les montants et le linteau des portes. Selon le récit biblique, les Israélites furent précipités si rapidement hors d’Égypte par Pharaon qu’ils n’eurent même pas le temps de faire lever le pain nécessaire pour se nourrir.
Préparation de la fête
En souvenir de cet épisode, les Juifs observants doivent s’abstenir de consommer et d’avoir en leur possession tout produit à base de levain (hamets en hébreu) de la mi-journée précédant le début de la fête jusqu’à sa fin. Ainsi, la maison est soumise à un nettoyage très méticuleux dans le mois qui précède, destiné à éradiquer toute présence de levain, même en quantité infime, et un très grand nombre d’aliments sont prohibés durant toute la période de Pessah (pain, gâteaux, biscuits, céréales, pâtes, nombreuses boissons alcoolisées, etc...). La vaisselle et les ustensiles de cuisine sont également soumis à un traitement particulier visant à les « cacheriser pour Pessah » (en fonction d’une règlementation très précise), ou sont écartés provisoirement, les familles pratiquantes possédant généralement une vaisselle spécifique pour la durée de la fête. Le ménage se termine par la cérémonie de la recherche du hamets dont les éventuels résidus seront brûlés le lendemain matin ou vendus à un non-Juif pour la durée des solennités.
Déroulement de la fête
Les deux premières nuits de la fête (la première nuit seulement en Israël et chez les adeptes du judaïsme réformé) se déroule une cérémonie familiale organisée selon un ordre bien précis : le Seder, qui rappelle l’esclavage et l’Exode. On y lit notamment la Haggadah (litt. « le récit ») qui relate la sortie d’Égypte et on y effectue un certain nombre de gestes symboliques qui s’accompagnent de la consommation de mets spécifiques, soulignant ce que cette nuit a de spécial. Les aliments présentés interviennent ainsi à différents moments de la soirée et permettent de souligner le message transmis dans la Haggadah. Sur la table dressée, on trouve ainsi invariablement quatre coupes pour le vin (ou du jus de fruit) bues à des instants précis du cérémonial, trois matsot (sg. « matsa », pain azyme), et le plateau du Seder composé de divers éléments :
- un os cuit (symbolisant le sacrifice de l’agneau effectué par les Juifs qui se rendaient au Temple de Jérusalem le premier soir de Pessah),
- un œuf cuit (représentant le deuxième sacrifice offert à l’occasion de Pessah à l’époque du Temple et rappelant la destruction de ce dernier),
- des herbes amères (en souvenir des souffrances endurées par les Hébreux captifs),
- un mélange pilé de noix, pommes, vin et cannelle (représentant le mortier avec lequel les esclaves en Égypte construisaient les villes),
- du persil (ou un autre légume vert) incarnant, à l’image du renouveau de la nature, la régénération du peuple juif.
À côté du plateau est posé un bol d’eau salée (symbole des larmes versées par les Hébreux en Égypte) dans lequel sera trempé le persil.
Un dîner copieux est également servi ce soir-là.
Il est recommandé d’encourager les convives, notamment les enfants, à réagir par des commentaires et des questions à la lecture de la Haggadah afin que celle-ci soit particulièrement vivante.
La fête de Pessah, si elle commémore la libération des Hébreux, est également tournée vers le futur, celui de la Rédemption et de la reconstruction du Temple, comme le manifeste le souhait prononcé dans chaque foyer à la fin du Seder : « L’an prochain à Jérusalem ! ».
En raison de l’interdit de l’usage de levain que l’on trouve dans de nombreux aliments, il existe des mets et des plats spécialement conçus pour toute la durée de la fête de Pessah. La consommation de la matsa, en remplacement du pain, qui constitue une obligation lors du Seder, est en revanche facultative les autres jours.
Domaines religieux : Généralités, Judaïsme : Rites et pratiques
Guide des ressources : Information
Référence du document
« Laithier Stéphanie, La fête de Pessah » , 2017 , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 05/04/2017, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/fiches-pedagogiques/fete-pessah