LE 10/10/2018.
Sommaire
La République française est laïque pour assurer le respect de toutes les convictions. Le principe de séparation proclamé en 1905 a pour but d’assurer une authentique neutralité de l’État. Les principes posés à cette date n’ont pas vieilli mais la société française a changé. La mise en œuvre concrète du principe de laïcité est l’objet d’interrogations voire de contestations nouvelles. On les examinera à propos de la neutralité de l’État, de la gestion de l’espace commun et de l’idée d’un encadrement du pluralisme. Le débat porte, au-delà de l’État, sur les définitions et sur la portée de la laïcité dans la société civile. Ce cycle s’ouvrira également à une comparaison avec le cas de l’Allemagne.
Mercredi 3 octobre
9h30-12h30 - Les enjeux de la laïcité à la fin du XIXe siècle et aujourd’hui en France : continuités ou ruptures ?
Philippe Gaudin est directeur adjoint de l'IESR
14h-17h - Laïcité et liberté religieuse en France : une destinée commune
Patrice Rolland est juriste, Professeur des Universités émérite, UPEC, membre du GSRL
Le souvenir des combats de la République avec l’Église catholique à la fin du 19ème siècle domine souvent la représentation de la laïcité dans l’opinion commune. On risque de méconnaître à quel point le principe de séparation au cœur de la loi de 1905 permet de réaliser enfin pleinement les promesses de liberté de conviction et de religion posées dans la Déclaration de 1789. La mise en œuvre de la loi et les développements jurisprudentiels en font une garantie qui n’a rien à envier à d’autres modèles européens. Le régime juridique issu de la Séparation est parvenu à un équilibre au long du 20ème siècle. Le contexte du 21ème siècle nécessite-t-il qu’on veuille le modifier ?
Mercredi 10 octobre
9h30-12h30 - L’Allemagne face au défi de la pluralité des confessions et des convictions
Sylvie Toscer-Angot est germaniste, Maître de conférences en civilisation allemande à l’UPEC, membre du Groupe Sociétés Religions Laïcités (GSRL), membre associé de l’équipe IMAGER
Depuis les années 1970-1980, la nature des relations entre politique et religion en Allemagne a fait l’objet de profondes mutations. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce mouvement d’ampleur: l’importance grandissante du nombre des « sans confession »[1] qui s’est accélérée sous l’effet de la réunification, l’individualisation et la diversification des convictions et des pratiques religieuses, et notamment la présence de plus en plus affirmée de l’islam. De nombreux exemples sont révélateurs de la perte d’influence des Eglises chrétiennes et plus largement de l’éclatement du paysage religieux allemand : l’augmentation spectaculaire des « sorties d’Église » (Kirchenaustritte) au sein du catholicisme ou du protestantisme depuis la réunification, la suppression de la référence à Dieu dans le préambule des constitutions de plusieurs nouveaux Länder, la désaffection des cours de religion dans certaines régions, l’introduction dans le Brandebourg d’un cours d’éthique et de culture religieuse à la place du cours traditionnel de religion dans les écoles publiques, mais aussi la prise en considération de nouvelles demandes traduisant l’affirmation du pluralisme religieux comme par exemple la revendication d’un enseignement islamique dans les écoles publiques.
Ces évolutions diverses bousculent les représentations d’une société qui a du mal à penser le pluralisme et la neutralité confessionnelle sans référence au christianisme. On peut se demander si ces transformations ne tendent pas à remettre en question non seulement l’équilibre bi-confessionnel protestant-catholique longtemps considéré comme une dimension essentielle de l’identité collective allemande, mais aussi la légitimité même du monopole dont bénéficient encore les Églises chrétiennes.
Les pouvoirs publics sont ainsi confrontés aujourd’hui à deux phénomènes en apparence contradictoires : ils doivent faire face, d’une part, aux affirmations des identités non confessionnelles dans la sphère publique, et, d’autre part, aux revendications croissantes de communautés de croyances désireuses d’obtenir de nouveaux droits ainsi qu’une reconnaissance institutionnelle et une visibilité plus grande dans l’espace public. En réponse aux demandes suscitées par la diversité des confessions, des convictions ou des appartenances, les autorités publiques doivent trouver des solutions politiques et juridiques, susceptibles de concilier la protection des libertés fondamentales, et notamment de la liberté de conscience et de religion, le principe de neutralité de l’État, l’égalité de traitement de toutes les communautés religieuses, et ce, dans le respect des traditions et des héritages.
Ce séminaire se propose d’éclairer les recompositions actuelles du paysage religieux allemand et les mutations qui affectent les relations entre le politique et le religieux. A partir de l’analyse de quelques conflits politico-religieux, on s’attachera à clarifier les enjeux et les défis posés par la dynamique de la sécularisation et du pluralisme religieux. A cet effet, on privilégiera délibérément les changements induits par l’importance massive des sans confession et par la présence marquée de l’islam.
Plus largement, on tentera de déterminer dans quel sens évolue aujourd’hui le dispositif régissant les relations entre les Églises et l’État en Allemagne, sachant qu’il est difficile d’esquisser le modèle qui se profile en raison de la diversité des situations et des législations à l’échelle fédérale. La question se pose de savoir si ce dispositif peut tout simplement être étendu à d’autres confessions ou si les prérogatives des Églises chrétiennes vont être progressivement réduites et conduire à une déconfessionnalisation de certains pans de la vie publique.
14h-17h - Laïcité et pluralité religieuse en France
Rita Hermon-Belot est historienne, Directrice d’études à l’EHESS, membre du CéSor
Parmi ses publications :
L’émancipation des juifs en France, collection Que-sais-je ? P.U.F, Paris, 1999
L’abbé Grégoire, la politique et la vérité, Seuil, Paris, 2000
2 sessions en journée de 9h30 à 17h
Mercredi 3 et 10 octobre 2018
Tarif normal à la journée : 55 € | Tarif réduit : 34 €
Tarif normal pour deux jours : 110 € | Tarif réduit : 68 €
EPHE - Bât. Maison des Sciences de l'Homme
54 boulevard Raspail, Paris 6e
Le 3 octobre - salle BS1-05/28 (1er sous-sol, salle modulable)
Le 10 octobre - salle AS1-01 (1er sous-sol, salle 1)
Métro : Sèvres-Babylone, Rennes ou Saint-Placide
[1] Cette appellation est utilisée pour désigner les personnes qui déclarent n’adhérer à aucune religion.
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