Sommaire

Résumé

La criminalité organisée ronge l’Italie et singulièrement la Sicile depuis plus d’un siècle. Elle prend appui sur la défiance à l’égard de l’État du Nord, sur le conservatisme social de l’île et sur l’orgueil familial des Siciliens. Loin de chercher “ les causes de ce désastre dans un lointain passé, dans une malédiction ancienne ” (p. 13), les A. entendent montrer comment la Sicile médiévale, qui a été justement le laboratoire de l’État, a depuis consommé son divorce avec le pouvoir central. Tous relient “ cette difficulté d’être ” à deux événements majeurs qui firent basculer la Sicile d’Orient en Europe : la conquête normande de Palerme en 1071 et les Vêpres siciliennes de 1282. La première partie (“ La naissance de la personnalité sicilienne ”) s’ouvre sur le concept de “ sicilitude ”, sur la manière des Siciliens de survivre aux contradictions de leur histoire. Lorsque les Normands arrivent en Sicile, ils découvrent une terre occupée par les Byzantins et les musulmans, où la culture arabe domine (chap. II). Après une première vague de conquête brutale et désordonnée, les hommes du Nord créent un royaume structuré qui tire sa force et son originalité de l'assimilation des cultures en place, d’un microcosme religieux et linguistique sur lequel il prend racine. Le pouvoir y est scénographie, la dynastie normande des Hauteville fait de la ville de Palerme et de la cathédrale “ royale ” de Monreale la pierre angulaire de la monarchie, mise en valeur par “ l’écrin de la Conque d’Or ” et la coexistence d’édifices qui donnent “ l’image d’une ville chrétienne triple, arabe, grecque et latine ” (p. 74). Avec les Vêpres siciliennes (chap. IV), Palerme fait l’expérience du mouvement communal qui met brutalement fin à la féodalité française amenée par Charles d’Anjou et donne naissance à la personnalité sicilienne, marquée notamment par l’utilisation massive, dans l’administration et chez les intellectuels, du dialecte roman sicilien (p. 146). Si l’arrivée des Aragonais à la tête de l’île tient en échec le retour offensif des Français (chap. V), elle s’accompagne d’une immigration importante de Catalans et d’Aragonais, de la perte progressive d’indépendance de l’île et de la transformation de Palerme, qui tout en perdant ses attributs de capitale profite de la situation pour renforcer son image de “ ville heureuse ” et s’installer “ dans l’euphorie de la consommation ” (p. 164). Les A., pour finir, montrent comment l’île alimente un imaginaire et des mythes (chap. VI). Un “ horizon onirique ” à la fois “ vert paradis ” et “ portes de l’enfer ” (p. 197) entre en résonance avec le prestige de l’exotisme que les romans de chevalerie des XIIe et XIIIe siècles confèrent à la Sicile. Ces images alimentent la nostalgie, celle d’une histoire trop souvent comparée à un long fleuve tranquille où seuls peuvent “ se ressourcer les désirs et les rêves d’une société du bout du monde qui se souvient du temps où elle en était le centre ” (p. 220).

• Domaine : christianisme
• Sous-domaines : Catholicisme. Orthodoxie. Moyen Âge. Images et représentations. Architecture. Espace et territoires. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Liturgie. Relations avec l’Islam.
• Ouvrage grand public

Points forts

Le mélange des approches et le croisement des méthodes d’analyse historique, qui font de cet ouvrage un bon outil de réflexion pour envisager, dans la longue durée, la coexistence parfois difficile de plusieurs cultures et religions au sein d’un seul et même espace fortement marqué par son insularité.

Utilisation possible dans les programmes scolaires :