Sommaire

Résumé

À l’occasion du 8^e centenaire de la mort d’Averroès, un dossier spécial lui a été consacré dans Qantara, « magazine des cultures arabe et méditerranéenne » de l’Institut du monde arabe, à Paris. Des auteurs d’horizons divers ont collaboré à ce dossier. Des écrivains : le poète libanais Salah Stétié, l’essayiste et romancier espagnol Rodrigo de Zayas, Maati Kabbal, écrivain marocain chargé d’actions culturelles à l’Institut du monde arabe (IMA) ; des historiens, Jacques Verger, professeur à l'Université Paris-XIII spécialiste de l'histoire des universités médiévales et de la Renaissance du XII^e siècle, Charles E. Butterworth de l’université de Maryland (É.-U.), spécialiste de sciences politiques, notamment de la philosophie arabe, ainsi et que Muhsin Mahdi, professeur à l’Université de Harvard (É.-U.), grand connaisseur de Al-Fârâbî et Ibn Khaldûn ; des philosophes, Christian Jambet, Amir-Moezzi et C.Jambet et Jean-Pierre Faye.

S. Stétié introduit Averroès, « Un combattant de la pensée », engagé dans un triple affrontement avec les philosophes, les théologiens sectaires, les ash‘arites (voir l’ouvrage de Nasr Abû Zayd). C. E. Butterworth, traducteur d’Averroès en anglais, réfute la thèse qui présente Averroès comme un « précurseur des Lumières » et un « paladin de la raison » p. 31 ; Muhsin Mahdi présente une œuvre peu connue d’Averroès, le commentaire moyen sur la République de Platon. Jacques Verger fait le point sur «L’averroïsme à Paris » dans sa phase première (XIII^e siècle) ; Rodrigo de Zayas évoque la fameuse « rencontre » entre Averroès le logicien et Ibn al-‘Arabî le mystique et leur curieux dialogue sur la résurrection.

Jean-Pierre Faye rend hommage dans « Le vestibule d’or » à la philosophie arabe, quasi absente de la discipline philosophique telle qu’elle est enseignée en France.

Maati Kabbal rappelle les multiples commémorations d’Averroès.

Christian Jambet refuse la conception traditionnelle de la clôture de la philosophie rationnelle après Averroès en terres d’Islam. Il montre que dans d’autres lignées islamiques, il a aussi existé des philosophies qui ont mobilisé la raison pour « théoriser » l’unité, la question essentielle en islam.

Points forts

• Le choix des illustrations. Pour une présentation du contexte dans lequel s’est déroulé la vie d’Averroès : les lieux (photos de Grenade, Cordoue, Marrakech) ; le milieu culturel (Coran du XII^e siècle ; azulejo de Cordoue représentant un sage lisant le Coran ; manuscrit d’Ibn al-‘Arabî). Pour évoquer l’image d’Averroès et son influence, un portrait, une copie du XIII^e siècle du Grand Commentaire, et la fresque d’Andrea da Firenze à Santa Maria Novella (Florence), « Le triomphe de saint Thomas ».

• La réhabilitation de la pensée arabe (défendue également par A. de Libera voir Averroès Discours décisif), comparée à un « vestibule ». Selon J.-P. Faye, le texte qui ouvre le livre XII du Grand Commentaire sur la Métaphysique par Averroès doit être enseigné car il introduit le vocable essentiel de « métaphysique » et fait le lien entre la pensée grecque et la pensée européenne.

• La synthèse sur l’averroïsme parisien dans sa phase du XIII^e siècle Averroès Discours décisif. Jacques Verger retrace la chronologie incertaine de l’introduction de la pensée d’Averroès, qui devient une « autorité » après 1250 en matière d’aristotélisme, puis la « mutation » qui place Averroès tel « un bouc émissaire » (p. 38) au centre d’un vif débat entre les théologiens.

• La synthèse de C. Jambet sur l’« au-delà » d’Averroès : la continuité à travers les grandes lignées shî’ites en Inde et en Iran (voir Amir-Moezzi et C. Jambet, Qu’est-ce que le shî’isme ?.

Utilisation possible dans les programmes scolaires