Sommaire

Les auteurs ont rassemblé pour ce volume des contributions d’historiens (Jean Baubérot, Émile Poulat, Valentine Zuber), de sociologues (Jocelyne Césari, Martine Cohen, Yves Lambert, Jean-Paul Willaime), de juristes (Patrice Rolland) et de politistes (Pierre Bréchon, Bruno Étienne, Pierre Mazet, Yves Palau).

Résumé 

Cet ouvrage est le fruit d’une table ronde tenue à Rennes en septembre 1999 dans le cadre du sixième Congrès de l’Association française de science politique ; son propos est d’analyser les mutations récentes qui ont pu affecter le système français de laïcité, en particulier le passage d’une « séparation-neutralité » à une « séparation bienveillante » organisé autour de quatre moments. Le premier est consacré aux ancrages historiques dans les années 1880-1905 : la laïcité comme « pacte laïque » (Jean Baubérot, auteur de Vers un nouveau pacte laïque ?), les origines de la laïcité scolaire (Dominique Gros), les accommodements de la législation républicaine à l’endroit des colonies (Véronique Dimier), la dynamique interne de la laïcité évoquée par Émile Poulat.

La seconde partie analyse les contraintes sociales venues mettre en question le modèle d’origine, voire le rendre inopérant : défi de l’immigration et de l’intégration des populations d’origine maghrébine musulmane (Jocelyne Césari) ; défi de l’Europe et d’un autre modèle de relation dans l’Union européenne, basé sur la coopération entre organes dirigeants et forces religieuses (Jean-Paul Willaime) ; défi des mutations de l’opinion publique à la fois attachée à la séparation des Églises et de l’État mais souhaitant de la part de ce dernier une certaine bienveillance à l’égard des premières (Pierre Bréchon), ambivalence que l’on retrouve à l’école, comme le montre Yves Lambert, avec l’attachement à la dualité des systèmes d’enseignement, public et privé, mais la réserve vis-à-vis de l’extériorisation des appartenances religieuses à l’école publique.

La troisième partie s’intéresse aux « réflexions doctrinales » et aux discours des principaux acteurs : Église catholique qui a accepté la laïcité mais souhaite une plus grande visibilité dans l’espace public (Kristoff Talin) ; évolution de la Ligue de l’enseignement, proposant une nouvelle réflexion sur la laïcité et étant plus attentive à la prise en compte de la pluralité des identités culturelles et religieuses (Yves Palau) ; alors que le Grand Orient de France, tel que l’analyse Bruno Étienne, se fait le défenseur d’une « laïcité intransigeante ».

La quatrième partie examine les « mutations normatives » : réélaborations juridiques, par le Conseil d’État, du principe de laïcité (Pierre Mazet) ; dilution du cultuel dans le culturel (Elsa Forey) ; changements de l’école publique de plus en plus ouverte à la différence culturelle (Martine Barthélémy) ; processus de reconnaissance et d’institutionnalisation des minorités religieuses (juives et musulmanes) par l’État républicain (Martine Cohen) mais vigilance à l’égard des sectes (Patrice Rolland).

Une postface de René Rémond souligne l’ampleur des changements dans la conception et la mise en œuvre de la laïcité, marqués par une prise en compte de la pluralité et une reconnaissance de la dimension sociale des religions.

Points forts 

• Multiplicité des sujets abordés, avec à la fois un aspect historique et des questions de société, chaque contribution pouvant être lue indépendamment des autres.

• Étude des modalités intellectuelles et normatives de la recomposition actuelle du modèle de laïcité française.

• Des analyses intéressantes des mutations de l’institution scolaire (articles d’Yves Lambert sur la laïcité scolaire ou de Martine Barthélémy sur l’ouverture de l’école publique).

Usage dans les programmes scolaires

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