Sommaire

Résumé

Pour Peter Berger, la théorie soutenant que la modernité entraînerait obligatoirement un déclin de la religion et la sécularisation des sociétés, est contredite par la réalité. Selon lui, les religions n’ont pas cessé de se développer. Curieusement, elles ont d’ailleurs surtout prospéré là où elles n’avaient pas tenté de s’adapter à la modernité. Seuls les pays d’Europe et les intellectuels qui ont reçu une éducation supérieure de type occidental feraient exception à cette règle et seraient marqués par la sécularisation. Les études qui suivent ont pour but d’analyser ce phénomène sous différents aspects et dans différentes aires géographiques et religieuses.

• Pour G. Weigel le projet intellectuel du pape Jean-Paul II consiste à offrir au monde du XXI^e siècle, et pas seulement aux catholiques, un ensemble de propositions pour une juste organisation des sociétés et de la vie internationale, propositions fondées sur l’universalité des droits de la personne humaine.

• Le christianisme évangélique, et particulièrement pentecôtiste a fait des progrès considérables dans le monde. D. Martin considère que ces mouvements très divers contribuent probablement à la progression de la démocratie du fait à la fois de leur pluralité et de leurs caractéristiques culturelles : participation, pragmatisme, compétition, discipline personnelle.

• Pour J. Sacks, les Lumières ont déçu l’espoir d’assimilation que les juifs mettaient en elles et les ont d’une part conduits à la haine de soi et d’autre part poussés à rechercher une solution au problème dans la sécularisation. Cependant, on voit émerger une nouvelle génération de juifs touchés par les mouvements de retour du religieux et sans problème d’identité.

• G. Davie analyse « l’exception européenne » à cette remise en cause de la sécularisation, en tenant compte des particularités historiques des différents pays. En Europe, et même si la religion résiste mieux dans certains pays comme la Pologne, où elle n’a pas été liée à l’État, la croyance est de plus en plus détachée de l’appartenance à une Église. Cependant, les européens continuent de déléguer à leurs Églises des fonctions comme l’expression du sacré au moment clé de leur vie privée ou publique.

• Selon T. Weiming, la crise du sens a fait de la Chine un terreau fertile pour le développement des religions : christianisme dans la population occidentalisée influencée par l’enseignement supérieur chrétien et dans certaines régions rurales (évangélisme) ; renouveau bouddhiste incompris d’une classe dirigeante matérialiste et scientiste, qui ignore, par exemple, la richesse potentielle du bouddhisme tibétain pour la Chine ; islam très bien intégré, même quand il s’agit de minorités ethniques.

• Pour A. An-Na’im la façon régressive et hostile dont l’islam politique se manifeste aujourd’hui est induite à la fois par l’échec des politiques nationalistes dans les pays musulmans et par le fait que la laïcité y a été introduite par la colonisation et des politiques post-coloniales hégémoniques. La seule solution à ce problème consiste d’une part en un débat interne aux pays musulmans pour éclaircir la question de l’identité musulmane, et d’autre part en un dialogue pacifique entre islam et occident, qui s’écarte clairement de la position dangereuse du « choc des civilisations » présentée par S. Huntington (Odile Jacob, 1997).

Points forts

• Un point de vue original qui vient interpeller une théorie généralement admise par l’histoire et la sociologie actuelles.

• Un large tour d’horizon de la question dans les différentes aires culturelles.

AP