Sommaire

Résumé

Cette anthologie est la réédition d’un recueil publié en 1911 dans lequel Buisson avait réuni ses textes les plus importants, essentiellement centrés sur la question scolaire. Le premier texte est de 1878, le dernier de 1911. L’ordre suivi est chronologique. Les thèmes récurrents abordés sont ceux des combats de Buisson depuis l’avènement des républicains, lors de l’élaboration des lois Ferry et de la mise en place de l’école laïque (la « nouvelle éducation nationale » ; la morale laïque indépendante des dogmes ; l’éducation laïque des jeunes filles ; la vocation et la formation des instituteurs). D’autres écrits abordent les questions des combats contre le cléricalisme dans les questions scolaires ou intellectuelles (controverse avec Brunetière ; définitions de l’athéisme et de la neutralité laïque, dans le cadre de la Libre pensée). Sous le ministère Combes, les textes sont des justifications de la lutte contre les congrégations enseignantes. Pour les dernières années couvertes par le recueil (1905-1911), les textes sont des commentaires de la politique scolaire des gouvernements successifs et des réponses à des polémiques qui l’ont opposé aux cléricaux, notamment sur les programmes scolaires. L’anthologie de Buisson ne contient aucun texte sur la loi de Séparation, dont il a pourtant vainement combattu l’orientation finalement libérale.

La longue présentation de Mireille Gueissaz fait le point sur le parcours politique et intellectuel de Ferdinand Buisson, en montrant l’articulation de sa vision de la laïcité avec les notions de liberté et d’égalité. Le lien ainsi noué avec les principes issus des révolutions française et américaine montre le sens universaliste donné à sa pensée.

Points forts

• L’ouvrage remet à l’honneur Ferdinand Buisson, parfois laissé dans l’ombre d’autres penseurs comme Edgar Quinet, Jules Ferry, Jean Jaurès ou Émile Combes, alors que son rôle a été décisif dans la laïcisation de l’école puis dans la marche vers la Séparation.

• L’introduction de Mireille Gueissaz offre une synthèse très utile et claire sur Ferdinand Buisson, en faisant le point sur l’historiographie la plus récente. Mais fallait-il présenter Buisson comme « le théoricien le plus accompli de la laïcité française » ? Cela suppose que la laïcité advenue en France est bien celle que Buisson avait théorisée. Or, ce n’est pas totalement le cas, puisque Buisson voulait interdire l’enseignement congréganiste et qu’il trouvait la loi de 1905 « trop laxiste ». Sur ces deux points au moins, ce n’est certainement pas sa vision de la laïcité qui l’a emporté d’un point de vue historique et légal.

• L’anthologie a l’avantage de présenter une multiplicité de textes, sur une longue période (dès 1878, mais pas au-delà de 1911). Cela offre une palette assez large du point de vue thématique.

• La plupart des textes sont utilisables dans un cadre scolaire et universitaire car il s’agit, en majorité, d’articles, lettres, manifestes, discours et débats parlementaires, qui abordent des questions de fond dans un style percutant et souvent polémique.

• Parmi les textes les plus marquants, notons l’article de janvier 1908 intitulé « pour l’enseignement de l’histoire des religions ». Buisson y appelle de ses vœux la création d’un enseignement universitaire sur les religions anciennes et modernes, élément essentiel de la « haute culture générale », indispensable dans la formation des futurs enseignants. En effet, « l’histoire des religions ne pourra entrer dans les programmes des Lycées, de l’École normale, de l’Ecole primaire supérieure qu’à la condition d’être arrivée à l’état de science positive, solide, sereine et pour ainsi dire indiscutable » (p. 211).

YB