Sommaire

Résumé

En décembre 2001, Jack Lang, alors ministre de l'Éducation nationale, confie àRégis Debray une mission sur l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque, qui doit faire un état des lieux et formuler des propositions. L’auteurse présente comme non-croyant, il est connu pour sa défense d’une école « sanctuaire », préservée de toute immixtion de la société civile (voir sa contribution dans l’ouvrage dirigé par Hubert Bost, Genèse et enjeux de la laïcité. Christianismes et laïcité, Labor et Fides, 1990 ). Il remet ses conclusions au ministre en mars 2002.

Régis Debray reprend le constat de l’inculture religieuse, déjà observée douze ans auparavant par le rapport du recteurJoutard, ainsi quecelui de la crise de la culture classique et des humanités ; mais, au-delà de l’approche patrimoniale, il souligne la nécessité de donner des éléments de compréhension du monde contemporain.

Il analyse les résistances : du côté laïque, crainte du retour plus ou moins déguisé des religieux ; du côté ecclésiastique, crainte du relativisme et difficulté à séparer l’approche intellectuelle de l’approche croyante. Or il insiste sur la différence entre « le religieux comme objet de culture (entrant dans le cahier des charges de l’instruction publique qui a pour obligation d’examiner l’apport des différentes religions à l’institution symbolique de l’humanité) et le religieux comme objet de culte (exigeant un volontariat personnel, dans le cadre d’associations privées) » (p.28).

Il en arrive à la conclusion qu’il faut mieux armer intellectuellement et professionnellement les professeurs des disciplines concernées, c’est-à-dire principalement ceux d’histoire, de lettres, de philosophie, de langues et d’arts plastiques. Pour cela, il appelle au passage d’une « laïcité d’incompétence (le religieux, par construction, ne nous regarde pas) à une laïcité d’intelligence (il est de notre devoir de le comprendre) » (p. 43) et qui fasse doncsa place à l’étude scientifique des religions.

Régis Debray termine par douze recommandations concrètes, dont les plus significatives sont - la création d’un module obligatoire, pour les enseignants en formation initiale, sur « Philosophie de la laïcité et enseignement du fait religieux »,

la suggestion de l’amélioration de la formation continue des enseignants

la création d’un Institut européen en sciences des religions (IESR)qui permettrait d’établir les liens manquants entre le monde de la recherche universitaire et celui de l’enseignement secondaire et de produire des outils pédagogiques.

Points forts

• Un texte bref mais néanmoins dense qui pose les questions essentielles sur la laïcité scolaire, les clarifications entre catéchèse et approche scientifique, les enjeux sociaux et les contenus de l’enseignement du fait religieux, la question de la formation des enseignants, en mêlant à des réflexions théoriques des considérations pragmatiques.

• Ce rapport marque une des étapes les plus significatives du débat social sur l’enseignement du fait religieux ; fait relativement rare, il a été très rapidement et largement diffusé. Il a d’ailleurs été suivi d’effets immédiats, puisqu’un certain nombre de propositions ont été mises en œuvre (création en IUFMdu module « Philosophie de la laïcité et enseignement du fait religieux », création de l’IESR, stage national multidisciplinaire en novembre 2002 (L’enseignement du fait religieux).

Utilisation possible dans les programmes scolaires