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Les Deux terres promises. Les Juifs de France et le sionisme (1897-1945)

Par Vilmain Vincent

Courte bibliographie, notes, index


Sommaire

Résumé

Dans cet ouvrage, Michel Abitbol analyse l'attitude des « israélites » de France vis-à-vis du sionisme. Il souligne d’abord l’importance du manque de perspective bibliste au sein de la société française qui expliquerait en partie, selon lui, la faible portée médiatique du mouvement national juif dans l’hexagone, du premier Congrès sioniste jusqu’au régime de Vichy. La suite de son introduction définit brièvement les caractéristiques des israélites, puis revient sur l'œuvre de l'Alliance israélite universelle (AIU). L'ouvrage est composé de trois parties chronologiques : « Le temps du mépris (1897-1922) », « Les années charnières (1922-1933) », et enfin « Les années d'incertitude (1933-1940) »

Après avoir montré la très faible implantation du sionisme politique en France – le mouvement étant alors essentiellement dirigé par une intelligentsia d’origine immigrée –, l'auteur dresse un portrait de Bernard Lazare, considéré comme le seul Français sioniste avant la Première Guerre mondiale. Il analyse ensuite l'impact de la Révolution française sur la mentalité des israélites, avec de nombreuses citations montrant l'hostilité réciproque des sionistes et des israélites français. Il montre comment l'AIU, en sous-estimant la force du sionisme hors de France et en campant sur ses anciennes positions, perdit dans les années 1920 sa dernière bataille politique. Elle fut ensuite progressivement réduite, hors de France, à une institution scolaire et, en France, à une instance communautaire. Pour justifier la césure chronologique, l'auteur utilise la déclaration de l'association des rabbins français, en 1923, qui, de manière inédite pour une instance communautaire, accorda au sionisme une haute valeur morale et célébra ses objectifs.

L’auteur étudie ensuite les changements d’approche du sionisme au sein de l'opinion française. Dans les médias, la question était alors étroitement liée à la situation générale des mandats français et anglais au Moyen-Orient. Il décrit ensuite l'activité de la Ligue des amis du sionisme, créée en 1925 et dirigée par Justin Godart, qui invitait des personnalités prestigieuses comme Léon Blum ou Henri Poincaré. Cette association supplanta aisément, auprès des autorités françaises, les organisations sionistes divisées. Le fait qu'elle soit d'essence philo-sioniste, et non strictement sioniste, joua un rôle déterminant dans le nouveau visage pris en France par le sionisme. L’auteur revient ensuite sur l'histoire des groupes sionistes en France durant les années 1920. Il rappelle leurs divisions, mais aussi leur posture de défenseurs du sionisme théorique. L'éclatement en de nombreuses mouvances explique d’ailleurs l’inefficacité de ce mouvement. Les instances les plus importantes du sionisme de l'entre-deux-guerres étaient le KKL et le Keren Hayesod qui s'implantèrent progressivement, notamment grâce à leur statut de bailleurs de fonds qui s'accordait assez bien avec les logiques philo-sionistes.

La suite de l'ouvrage consacre quelques pages aux mutations de la communauté juive de France, liées à l'immigration et aux mouvements de jeunesse qui contribuèrent à en faire un corps plus homogène. L'auteur montre ensuite l'ambivalence décelable dans l'entre-deux-guerres entre « amour de Sion » et « sionisme ». Il décrit les réactions de la communauté vis-à-vis des évènements de 1929, réactions plus que timides en comparaison de celles manifestées aux États-Unis, notamment. La dernière partie est consacrée à la montée des périls qui éclipsent beaucoup la question sioniste. La communauté demeura presque silencieuse devant les Livres blancs et s'intéressait alors davantage au renouveau de l'antisémitisme. Ainsi le sionisme ne tira pas partie des remises en cause du franco-judaïsme. Le communisme rencontra en effet un plus grand succès dans les milieux juifs immigrés. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, quelques groupes sionistes s’engagèrent cependant dans la Résistance, ce qui leur permit entre autres de se valoriser au sein de la société française.

Points forts

  • Un ouvrage important au moment de sa sortie dont certaines idées ont depuis été réévaluées, mais qui garde tout son intérêt du fait de la vision globale et généraliste de son auteur.

  • Accessible à un large public.

  • Une volonté d'analyser et de comprendre la faiblesse structurelle du sionisme en France.

V.V.

NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Israélite
Domaines religieux : Judaïsme : Territoires : France, Judaïsme
Guide des ressources : Information : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Abitbol Michel, Les Deux terres promises. Les Juifs de France et le sionisme (1897-1945) » O. Orban, 2009, 298, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/deux-terres-promises-juifs-france-sionisme-1897-1945

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