Nombreuses illustrations in texto, annexes avec textes, cartes, bibliographie
Sommaire
Résumé
L’ouvrage de Françoise Dunand analyse les différentes représentations de la déesse Isis dans l’espace et dans le temps, car cette déesse a largement dépassé le cadre égyptien. À partir du IIIe siècle avant notre ère, on la retrouve dans tout le bassin méditerranéen et jusque dans les provinces danubiennes ou germaniques. La première partie est consacrée à Isis en Egypte où son culte débute fort modestement dans le delta du Nil. À partir du Ier millénaire av. J.-C., elle est un des éléments majeurs du panthéon égyptien. Vénérée comme grande magicienne pour avoir réuni les morceaux du corps de son frère et époux Osiris, elle est aussi la déesse qui protège les morts et les récoltes. Peu à peu, c’est son rôle maternel et nourricier qui est mis en avant, elle est la « Mère » par excellence, dispensatrice de vie et donnant aux hommes l’agriculture. C’est ainsi qu’on la trouve représentée le plus souvent avec son fils Harpocrate sur les genoux. A partir de l’époque hellénistique, elle fait l’objet de divers syncrétismes avec d’autres divinités égyptiennes – notamment avec Hathor – et est assimilée à des figures divines grecques comme Aphrodite ou la Tychè, incarnation de la Fortune protectrice. L’image de la déesse pouvait donc donner lieu à des lectures multiples selon la culture d’origine des fidèles. Associée au culte de Sérapis à Alexandrie, elle devint la protectrice de la dynastie lagide. Ce caractère universaliste d’Isis et ses nombreux attributs font qu’on la retrouve largement dans tout l’espace romain où elle est amenée par les soldats.
La deuxième partie est consacrée au culte d’Isis hors d’Egypte, culte propagé à la fois par l’armée romaine et par les marchands qui sillonnent l’empire. On retrouve des temples qui lui sont dédiés aussi bien dans le nord de l’Afrique, qu’en Espagne, en Gaule, sur le Rhin et le Danube. C’est essentiellement sa réputation de maîtresse du destin qui l’impose dans les provinces et qu’on célèbre dans les mystères isiaques dont l’origine remonte vraisemblablement à l’époque hellénistique.
La dernière partie de l’ouvrage est sans doute la plus originale, car elle évoque un aspect moins familier de la déesse, la persistance de son image au long des siècles, notamment à travers le culte marial et son appropriation par les cercles ésotéristes depuis l’époque moderne. L’imagerie traditionnelle d’Isis allaitant Harpocrate semble avoir inspiré celle de Marie avec l’enfant Jésus, d’autant plus que leurs rôles symboliques sont proches : naissance, maternité, deuil, protection, intercession. Pourtant, on ne peut amalgamer les deux figures : Isis est une déesse toute puissante, Marie une mortelle soumise à la volonté divine. Il s’agit davantage d’un type iconographique perçu comme convenable par les premières communautés chrétiennes issues d’une tradition juive où l’interdit de l’image divine ne pouvait proposer d’autre modèle. Par ce biais, l’image d’Isis continue à être véhiculée du Moyen-âge au XIXe siècle, on la retrouve chez Mozart ou Gérard de Nerval. De nos jours, le goût d’une Égypte imaginaire et ésotérique trouve encore des amateurs et donne à la figure d’Isis une dimension qui dépasse largement sa place originelle.
Points forts
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L’abondance des documents littéraires, iconographiques et épigraphiques qui illustrent les propos de l’auteur.
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La mise en évidence de l’évolution du culte d’Isis au cours des siècles et sa persistance dans l’Europe chrétienne.
M-O.K
Domaines religieux : Polythéismes antiques, Polythéismes antiques : Religion égyptienne
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Dunand Françoise, Kaas Marie-Odile, DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, Errance, 2000, 206 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/dunand-francoise-isis-mere-dieux-paris-errance-2000