Cartes, chronologie, bibliographie, index.
Sommaire
Résumé
Entre 1520 et 1660, presque toutes les guerres affectant l’Europe ont une dimension religieuse, ce qui est un phénomène propre à cette période. Alors que l’unité chrétienne médiévale a éclaté, la question confessionnelle devient un lieu d’affrontement privilégié. On met la parole et l’écrit au service de la vérité religieuse, et l’on part au combat (chap. 1). La parole, orthodoxe ou blasphématoire, est un instrument privilégié dans les querelles, les violences verbales accompagnant les confrontations physiques. Les pamphlets imprimés participent à ces combats rhétoriques, qui amènent la violence des corps. C’est dans le Saint-Empire que se produisent les premiers troubles, là où la Réforme a commencé (chap. 2). Gagnées aux thèses luthériennes, la basse noblesse et la paysannerie allemandes déstabilisent les institutions impériales. Puis, en 1525, la guerre des paysans, soulèvement de masse, déchire l’Allemagne méridionale au nom de l’évangile pur et du droit divin, qui doivent réformer la société. Ce conflit est l’occasion pour les réformateurs de rejeter les fauteurs de trouble et de promouvoir leur propre Église. Peu à peu, un compromis institutionnel se fait jour dans le Saint-Empire (chap. 3). Certes, les premières tentatives de conciliation sont un échec, car le protestantisme a amené des discordes profondes. Les princes réformés forment la ligue de Smalkalde, afin d’imposer à l’empereur Charles Quint leur droit à la résistance et à la promotion de leur foi. La réaction catholique de reconquête amène un certain équilibre : en 1555, la paix d’Augsbourg consacre la division religieuse de l’Allemagne.
Les affrontements religieux définissent de nouvelles frontières confessionnelles en Europe, avec des situations très différentes selon les pays (chap. 4). En Suisse, les choix religieux se fixent de manière durable, sous l’influence de Zwingli à Zürich, ou de Calvin à Genève ; la Scandinavie est une terre de prédilection pour la réforme luthérienne, au terme de conflits parfois sanglants ; l’Angleterre trace son modèle propre, en formant une Église nationale ayant rompu avec le Saint-Siège : l’anglicanisme.
La France est un exemple du lien intrinsèque entre religion et politique dans les guerres de religion (chap. 5). De 1562 à 1598, la guerre entre huguenots et papistes emprunte les formes de la guerre civile. La tolérance civile ne résiste pas aux violences interconfessionnelles et les guerres succèdent aux massacres, comme celui de la Saint-Barthélemy (1572)1.La pacification du royaume sous Henri IV est un processus lent et fragile. Autre exemple de rébellion calviniste, les Pays-Bas se divisent entre les Provinces-Unies indépendantes, de confession protestante, et les Pays-Bas espagnols, restés fidèles au catholicisme (chap. 6). Les cités rebelles résistent à la pression espagnole de Philippe II, provoquant la scission définitive entre les deux entités. En Europe centrale, la peur d’un pouvoir catholique centralisé conduit à la guerre de Trente Ans (chap. 7). Ce conflit long et douloureux se conclut par la paix de 1648, qui fixe à la fois des frontières religieuses et territoriales pérennes.
La coexistence confessionnelle en Europe a donc été difficile : après la répression de l’hérésie, puis les tensions et les guerres civiles, un moment de paix se dessine, avant la rechute dans les guerres de religion, qui préparent la période de normalisation durable, fondement du pluralisme religieux.
Points forts
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Une présentation géographique qui permet de se repérer dans les contextes nationaux ou institutionnels complexes, complétée par un dossier cartographique et une bibliographie par ensembles régionaux.
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La présentation des acquis récents et des pistes de recherche sur le sujet, avec un éclairage historiographique précieux.
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Des tableaux détaillant un exemple précis (ainsi la liste des tyrannicides à connotation religieuse) très utiles, aussi bien pour un cours que pour une dissertation.
BM.
1 Voir la fiche sur GARRISSON Janine, 1572, La Saint-Barthélemy, Bruxelles, Éditions Complexe, « Historiques », 1987, réédition 2000, 219 p. sur <http://www.iesr.fr/index5876.html>.
Domaines religieux : Christianisme : Période : Réforme et Contre-Réforme, Christianisme : Doctrines et courants : Églises protestantes, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme, Europe et Religions
Guide des ressources :
Référence du document
Recension : « Marceau Bertrand, Gantet Claire, Kenz David El, EL KENZ David, GANTET Claire, Guerres et paix de religion en Europe, XVIe-XVIIe siècles, Paris, Éditions Armand Colin, « Cursus », 2003, 2e édition 2009, 212 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/el-kenz-david-gantet-claire-guerres-paix-religion