Sommaire

Résumé

L’ouvrage a retenu seize penseurs engagés à des degrés divers dans les débats actuels sur la capacité de l’islam à se réformer.

Chacun d’entre eux est présenté par une brève introduction suivie de l’analyse d’un ou deux ouvrages représentatifs de sa pensée. À l’exception de quatre auteurs occidentaux islamologues ou historiens, tous sont de culture musulmane, et arabophones pour la plupart. Dans le premier groupe (chap. 2 à 5) figurent les Français Jacques Berque (un des « plus grands rénovateurs de l’islam », p. 5) et Maxime Rodinson, l’historien américain M. Hodgson et l’anthropologue anglais E. Gellner.

Viennent ensuite M. Khalafallah et A. Abderraziq, deux grands auteurs égyptiens dont les ouvrages pionniers sont devenus classiques. Les Syriens sont représentés par le sociologue politique Burhan Ghalioun, l’historien Aziz Al-Azmeh, l’ingénieur M. Chahrour. Les Tunisiens sont particulièrement actifs dans le renouveau de la pensée islamique : le juriste Y. Ben Achour, l’historien M. Talbi et deux universitaires, M. Charfi et A. Charfi.

Enfin, un penseur autodidacte marocain, M. Abed Jabri, le Pakistanais Fazlur Rahman (1919-1988), réfugié aux États-Unis, et Roy Mottahedeh, d’origine iranienne, historien de la société médiévale, à Harvard (É.-U.).

Points forts

• La rigueur, la culture et la grande ouverture d’esprit de A. Filali-Ansary : seize chapitres denses et nuancés offrant un tableau contrasté de la vigueur de la pensée islamique contemporaine malgré les obstacles. (Sur les « nouveaux penseurs de l’islam », voir aussi R. Benzine ).

• La place faite au point de vue de non-musulmans et occidentaux sur l’islam. Outre les travaux de J. Berque et M. Rodinson, bien connus du public français, A. Filali-Ansary  présente deux importants auteurs anglo-saxons. Il critique la conception culturaliste de E. Gellner (1925-1995), célèbre pour ses recherches sur le Maghreb (Saints of the Atlas, 1969), qui dans Conditions of Liberty : Civil Society and its Rivals (1994) a posé l’incompatibilité d’un « modèle islamique » avec la démocratie. Il admire à l’inverse Marshall Hodgson (1962-1969), qui dans un ouvrage posthume : Rethinking World History (1993), a situé l’islam au sein de l’histoire mondiale, comme une réponse à des aspirations égalitaires.

• L’analyse de livres importants accessibles seulement en arabe, parmi lesquels l’ouvrage pertinent de Burhan Ghalioun, Critique de la politique : État et religion (Beyrouth 1991) sur la crise du monde arabe, entre révolution religieuse (le monothéisme) et l’échec politique ; une défense intransigeante de la laïcité par le Syrien Aziz al-Azmeh (La laïcité d’un point de vue différent, 1992) ; un ouvrage monumental sur le patrimoine intellectuel de l’islam par M. Abed Jabri, Critique de la Raison arabe (1991-2001), quelques extraits traduits en français, La Découverte, 1994) ; L’islam entre le message et l’histoire de A. Charfi (2001), qui recherche au cœur du « message » les fondements d’une « nouvelle conscience islamique ».

• Une bonne synthèse sur le réformisme islamique est donnée en conclusion : ses origines (pénétration européenne, colonisation), ses grandes phases du XIX^e siècle aux années 1920, les deux mouvances actuelles (islamisme et retour aux sources dans une perspective éthique mais à la lumière des travaux critiques).

Utilisation possible dans les programmes scolaires