Sommaire
Résumé
Ce troisième volume, de la série Histoire de la France religieuse, a été dirigé par Philippe Joutard. Il rassemble les collaborations de six historiens (Philippe Boutry, Philippe Joutard, Dominique Julia, Claude Langlois, Freddy Raphaël et Michel Vovelle) qui contribuent chacun à la rédaction des trois grands chapitres qui structurent l’ouvrage. Si le premier volume de la série couvrait plus de quinze siècles d’histoire pour retracer les grandes étapes d’une christianisation de l’ensemble des rouages de la société française, ce troisième volume établit les conditions de sa « déchristianisation » en à peine plus d’un siècle. Le décalage saisissant entre le premier et le troisième volume de cette série est à l’image de la rapidité des transformations sociales qui ont affecté la société française des XVIIIe et XIXe siècles.
L’ouvrage s’ouvre sur le tableau du « Déclin institutionnel et politique du catholicisme français ». C’est la fin de la monarchie de droit divin et le bouleversement introduit par la politique religieuse de la Révolution française va conduire à repenser radicalement les rapports entre le politique et le religieux. Les transformations qui affectent cette période de la société française, liées à l’émergence de la philosophie des Lumières, redéfinissent durablement le statut même de l’individu, désormais pensé comme « libre » de son choix, mais aussi l’autorité des institutions ecclésiales sur cet individu. Philippe Joutard insiste sur ce point dans son introduction, il convient de ne pas confondre déchristianisation de la société et fin des croyances religieuses. C’est avant tout l’histoire d’une mutation fondamentale des conceptions de l’institution catholique dans ses rapports avec d’autres secteurs de la vie sociale que les auteurs nous racontent. La laïcisation est ici entendue comme le processus par lequel, dans la continuité des idées révolutionnaires, l’institution politique française s’autonomise de la tutelle de l’Église catholique romaine. Mais ce « mouvement », qui commence bien avant la Révolution française avec l’affaiblissement de l’Église gallicane au début du XVIIIe siècle, se poursuit bien après la période couverte par ce volume jusqu’au début du XXe siècle, avec la loi de séparation des Églises et de l’État votée en 1905.
Cette période de l’histoire de France, qui débute par la remise en cause du pouvoir sacré du roi et s’achève par le triomphe du principe de la liberté de conscience, pose donc, inévitablement, la question de la « déchristianisation » de la société française. Les auteurs traitent de cette question délicate dans le second chapitre de l’ouvrage. Ils présentent dans un premier temps un certain nombre d’indicateurs des transformations à l’œuvre (à partir de données chiffrées et de représentations cartographiques) et s’interrogent ensuite sur les différentes causes possibles de cette « déchristianisation » : rôle politique de l’Église dans la Révolution française, industrialisation et exode rural, féminisation du catholicisme, etc. Si l’institution catholique perd en effet, durant cette période, son emprise sur l’ensemble des secteurs de la vie sociale, cette déchristianisation de la société française ne va pourtant pas de pair avec une éventuelle fin des croyances religieuses, comme les auteurs s’attachent à le démontrer dans le troisième chapitre de l’ouvrage. Dès le XVIIIe siècle, le christianisme français (côté catholique comme côté protestant) fait preuve d’une ferveur nouvelle et innovante, davantage centrée sur l’investissement missionnaire au moment même où l’idéal révolutionnaire se mue en absolu en sacralisant les héros et la « Patrie » (il semble néanmoins abusif aux auteurs de parler à ce propos de la création d’une « religion républicaine »). Pour Philippe Joutard, en conclusion de ce troisième volume, on assiste davantage à une mutation des croyances et des visions du monde qu’à un véritable progrès de l’incrédulité.
Points forts
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Plutôt que de se limiter à une présentation chronologique, l’ouvrage met particulièrement bien en évidence la spécificité française quant aux conditions dans lesquelles se sont redéfinis les rapports entre le politique et le religieux au tournant des XVIIIe-XIXe siècles.
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Ce volume est enrichi de très nombreuses illustrations et photographies. Il est par ailleurs illustré par de nombreuses cartes mettant notamment en évidence la place démographique du catholicisme dans la société française.
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L’ouvrage est accompagné d’un index des noms propres et des lieux qui en facilite l’usage encyclopédique ainsi que d’une bibliographie thématique.
Utilisation dans les programmes scolaires
Classe | Discipline | Thèmes du programme |
Quatrième | Histoire | La philosophie des lumières et la laïcisation des sociétés (18e siècle) |
Première | Histoire | Caractères de la vie religieuse en Europe et en Amérique du nord (19e siècle) |
Première | Histoire | Relations entre les églises et le monde moderne : le catholicisme, entre acceptation et refus (19e siècle) |
Première pro | Histoire | Le fait religieux depuis 1850 - l'évolution des trois grandes religions monothéistes (mots-clés : monothéisme, croyance, rite, pratique, église, communauté, fondamentalisme, pratiques religieuses |
LAS
Domaines religieux : Europe et religions : France, Christianisme, Généralités
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Rémond René, Le Goff Jacques, Amiotte-Suchet Laurent, LE GOFF Jacques, RÉMOND René (dir.), Histoire de la France religieuse, du roi Très Chrétien à la laïcité républicaine (tome 3), Paris, Seuil, 1991, 559 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/goff-jacques-remond-rene-dir-histoire-france