Réédition dans Héros du Moyen Âge. Le saint et le roi, Gallimard, “ Quarto ”, 2004, p. 173-983 (auquel font référence les citations de pages ci-dessous).
Sommaire
Résumé
Ce livre scelle une triple rencontre entre le promoteur d’un “ autre Moyen Âge ”, J. Le G., une figure quasi mythologique promue au panthéon de l’histoire nationale, saint Louis, et un genre traditionnellement décrié par les figures de proue du mouvement des Annales, la biographie historique. Dans cet essai, l’A. conduit une réflexion en trois temps sur le genre biographique et sur les conditions d’écriture d’une biographie d’un grand personnage, sans doute le “ moins connu de tous les grands rois ” mais l’individu sur lequel le XIIIe siècle a livré le plus de sources de première main avec François d’Assise. Après une présentation rapide des horizons auxquels saint Louis fut confronté, la réflexion s’ouvre sur sa vie, sur son cheminement personnel, les grandes étapes de son existence telle que le monarque l’a construite, de la naissance au mariage (chap. I), du mariage aux croisades (chap. II), des croisades (chap. III) à la tombe (chap. IV). Si les premières années de son règne sont difficiles, le prestige personnel, le caractère et le comportement politique du monarque se dessinent durant les années 1227-1234 et surtout 1231-1234. Avec la maladie du roi s’ouvrent un nouveau règne et une nouvelle page des relations entre la monarchie française et la Méditerranée. Le vœu de croisade est pour Louis “ le couronnement du comportement d’un prince chrétien ” (p. 309), d’un pouvoir assis sur une triade trifonctionnelle nouvelle (sacerdotium, regnum, studium), d’une fonction royale pensée sur le modèle christique dont il a favorisé l’ascension. Le second volet de l’étude s’apparente à une véritable étude critique de la production mémorielle du roi saint par ses contemporains (les hagiographes mendiants, Joinville…) et déconstruit cette mémoire en partant d’une question fondamentale : “ saint Louis a-t-il existé ? ”. J. L. G. s’intéresse tour à tour au “ roi des documents officiels ” (chap. I), des hagiographes mendiants (chap. II), de Saint-Denis (chap. III), des exempla (chap. IV) (voir exemplum), des chroniqueurs étrangers et des lieux communs (chap. VII et VIII), pour répondre positivement à la question initialement posée en accordant à la Vita de Joinville un statut particulier : celui du “ vrai ” (chap. IX). De l’aveu de l’A., le “ vrai ” Louis IX de Joinville “ modifie considérablement les possibilités d’approche de la vraie personnalité ” du roi (p. 582), d’un roi qui rit, qui pleure, qui éprouve des sentiments, d’un monarque qui est “ vu et touché de près ”, qui désire incarner le roi chrétien idéal et qui souvent est conforté dans son image de soi (éveil du moi) par son entourage. La dernière partie de l’ouvrage s’apparente à un véritable cheminement vers “ l’intérieur du personnage de saint Louis ” (“ Saint Louis dans l’espace et le temps ”, chap. I ; “ Saint Louis en famille ”, chap. V…), à une exploration “ des principales perspectives qui en font un roi idéal et unique ”, qui bénéficie d’une position préférentielle au sommet de deux hiérarchies majeures, la temporelle (la royauté) et la spirituelle (la sainteté). En définitive, saint Louis représente tant un symbole sacré qu’un roi thaumaturge et souffrant (chap. IX et X) qui a fortement incarné un idéal politique, celui d’Augustin, de l’alliance entre un songe d’universalité de la chrétienté et la vie d’un roi martyr, mort et ressuscité afin de conduire son peuple vers la terre promise.
Domaine : christianisme
Sous-domaines : Catholicisme. Moyen Âge. Images et représentations. Architecture. Littérature. Clergé. Ordres religieux. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Théologie. Exégèse. Liturgie. Vie politique.
Profil : Ouvrage grand public
Points forts
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Le parti pris méthodologique de l’A., qui revisite un genre jusqu’alors décrié par l’École des Annales et la “ Nouvelle histoire ” en dépoussiérant la figure de saint Louis.
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Une analyse magistrale sur la construction d’une sainteté politique au service de la dynastie capétienne.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Primaire |
L’Europe des abbayes et des cathédrales (Moyen Âge) |
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Cinquième |
Histoire |
L’Église en tant qu’acteur essentiel de la Chrétienté occidentale médiévale (Moyen Âge) |
Seconde |
Histoire |
La Méditerranée au XIIe siècle, carrefour de trois civilisations : Islam, Chrétienté occidentale, Empire Byzantin (Moyen Âge) |
Seconde |
Arts plastiques |
Édifices religieux d’une ville médiévale (Moyen Âge) |
Terminale |
Philosophie |
Augustin |
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Origines et corpus : Jésus-Christ, Christianisme : Origines et corpus, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Arts : Architecture, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Rites et pratiques : Liturgie, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme : Rites et pratiques : Monachisme, Christianisme : Politique et société
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Le Goff Jacques, LE GOFF Jacques, Saint Louis, Paris, Gallimard, “ Bibliothèque des Histoires ”, 1996 » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/goff-jacques-saint-louis-paris-gallimard