Sommaire

Résumé

Comme le titre le suggère, cet ouvrage est un voyage dans les temples populaires de la Chine. Il s’agit d’un parcours historique, car l’auteur montre l’évolution chronologique des établissements de la religion populaire à partir de deux perspectives différentes : l’histoire des temples et l’histoire du temple.

Les temples sont des institutions qui doivent depuis toujours se confronter à l’État et se soumettre et à ses changements d’attitudes politiques. Jusqu’à la chute de la dernière dynastie des Qing (en 1911), la gestion des temples n’a souvent été que très symbolique, puisque si « le gouvernement impérial se donne le pouvoir d’autoriser ou d’interdire des cultes, [il] se refuse à réglementer de manière effective la vie des temples » (p. 41). La situation a beaucoup changé depuis le début du XXe siècle. Le temple chinois moderne est actuellement un lieu de culte bien défini. L’auteur analyse le processus de formation du temple à partir de sa fondation. Il identifie les différents initiateurs possibles (un fonctionnaire, un clerc ou un simple laïc), les moyens de financement (la souscription ou la levée de fonds), la construction et les réparations éventuelles, et les bases financières de sa subsistance (la rente foncière, les donations, le travail agricole). La procédure de canonisation d’un culte local populaire fait partie de ce parcours et elle est décrite par l’auteur dans le premier chapitre.

L’ouvrage constitue aussi un voyage thématique et sociologique. L’auteur prend ainsi en considération la place fondamentale du temple populairedans la société traditionnelle chinoise. Profondément enracinés dans les communautés locales, les établissements religieux sont des lieux de médiation et de gestion des conflits. Ils sont souvent utilisés comme cour d’appel : les dieux rendent la justice, et ils servent de témoins ou de garants lorsqu’on scelle des serments ou des contrats devant eux. Les temples de quartier ou de village font en outre fonction de maison communautaire, où les femmes s’installent, souvent toute la journée, entretenant ainsi des contacts de voisinage ; ils sont aussi des lieux de convivialité pour les hommes, car on peut y boire du thé, manger, bavarder et même jouer. Qu’il s’agisse des grands monastères œcuméniques logeant les élites ou des petits sanctuaires héréditaires à gestion familiale, les temples servent encore de temps en temps d’hôtel et de restaurant aux pèlerins et aux voyageurs.

L’auteur donne aux lecteurs la possibilité de croiser les habitants de ces établissements – les prêtres taoïstes ayant fondé famille et les moines bouddhistes célibataires – et aussi les personnages participant à la vie du temple populaire, très animée surtout à l’occasion des fêtes religieuses : devins et médiums, troupes de danse et d’arts martiaux, musiciens… Le quotidien des sanctuaires est en effet partagé entre le culte ordinaire (dont la forme essentielle consiste à brûler de l’encens) d’une part et, de l’autre, les moments plus intenses liés au calendrier des fêtes.

Points forts

• Une analyse de sources fondamentales pour l’étude de l’histoire et de l’activité des temples: des monographies locales, des stèles et des inscriptions, des tablettes funéraires et des pièces archéologiques.

• Dans le deuxième chapitre, une nomenclature très exhaustive fait le point sur les nombreuses définitions chinoises de « temple ». Monastère bouddhiste, sanctuaire du culte d’État, mémorial ancestral, couvent taoïste, autel ou ermitage, cette nomenclature est indispensable pour éclaircir la raison d’être d’un paysage religieux incroyablement varié. Les caractères chinois correspondants sont à repérer dans le glossaire.

D. C.