Vous êtes ici

Accueil > Ressources pédagogiques > Comptes-rendus d'ouvrages > LETT Didier, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale. Nicolas de Tolentino, 1325, Paris : Presses Universitaires de France, Le nœud gordien, 2008, 473 p.

LETT Didier, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale. Nicolas de Tolentino, 1325, Paris : Presses Universitaires de France, Le nœud gordien, 2008, 473 p.

Par
Sources et bibliographie ; dix-sept photographies, trois graphiques, neuf documents, onze cartes, un plan in texto ou en annexes ; index des noms de personnes.

Sommaire

Résumé

À l’été 1325, une commission d’enquête envoyée par le pape recueillit les témoignages des habitants de cinq villes de la Marche d’Ancône en vue de la canonisation éventuelle de Nicolas de Tolentino, religieux de l’ordre des Ermites de Saint-Augustin (1245-1305). Le procès-verbal qui en a résulté est au cœur du travail de l’auteur, dont l’objectif est de faire surgir, par la « déconstruction intégrale » (p. 6) de cette source documentaire, la société dont elle constitue « la seule présence réelle du passé qui nous reste » (p. 8). Le cheminement se fait en sept parties comprenant au total dix-neuf chapitres.

Le premier volet s’interroge sur ceux qui obtinrent de Jean XXII le déclenchement d’une procédure inquisitoire — un ordre religieux en quête d’un saint fondateur pour asseoir sa légitimité et les principaux dirigeants politiques et ecclésiastiques locaux, favorables au parti des Guelfes —, mais aussi sur l’identité de Nicolas, cité dans aucune autre source que celles de son procès de canonisation. Une première conclusion s’impose : la sainteté a été créée ici par l’enquête, qui n’a donc pas constitué un aboutissement mais au contraire le déclencheur d’un mécanisme consistant à « fabriquer un saint », titre de la seconde partie. Celle-ci trace le profil d’un pasteur ascète opposé aux Gibelins et chasseur de démons, adepte d’une pauvreté modérée à l’âge de la répression des apôtres du dénuement extrême ; bref, d’un personnage qui avait « toutes les vertus requises pour être un saint des années 1320 » (p. 121). Le troisième volet focalise donc sur la procédure visant à établir la fama (« renommée ») de la sainteté. Les divergences entre la liste des personnes citées à comparaître et celle des témoins dont la déposition fut finalement enregistrée témoignent d’une sélection — selon le sexe, l’âge, le milieu social — que la quatrième partie s’attache à éclairer. L’auteur scrute ensuite le passage, à travers différents filtres, de la parole prononcée en langue vulgaire au témoignage normalisé en latin, dans un cinquième volet dont le thème central est la mémoire, notamment celle du temps et des lieux. Telle qu’elle est accessible à l’historien dans le document écrit, il s’est agi d’une mémoire collective instrumentalisée au profit de la canonisation de Nicolas, certes, mais aussi de la domination sociale de ceux qui menèrent l’affaire. Ce dernier aspect clôt l’étude et montre, études lexicales et statistiques à l’appui, combien Ermites de Saint-Augustin et notables de Tolentino ont su utiliser les trois mois de l’enquête pour produire ou reproduire des différences, des inégalités, des hiérarchies et les faire valider par l’institution pontificale. Mais auparavant, l’auteur a récolté toutes les mentions de lieux faites dans les 371 dépositions afin de tracer les espaces du procès : celui de la commission, celui des témoins et enfin celui de Tolentino, « investi d’une charge de sacré croissant à mesure que l’on s’approche du corps de Nicolas » (p. 273).

Points forts

  • Le parti-pris méthodologique, qui est en lui-même l’autre sujet du livre. Reprenant le propos récent de l’historien Jean-Michel Sallmann, l’auteur entend « soumettre le catholicisme au droit commun de la recherche historique » (p. 4) et considérer le procès de canonisation de la même manière et avec les mêmes outils que n’importe quel autre document.

  • La présentation de la procédure (IIIe Partie) menant à la « fabrique d’un saint », qui comprenait en particulier la formulation d’un interrogatoire des témoins divisé en articles, schéma rigide permettant de définir et de contrôler l’image que l’on voulait donner du saint.

  • Une pièce à ajouter au vaste dossier des témoins et des témoignages, qui font actuellement l’objet d’un vif intérêt dans l’ensemble des sciences humaines.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

Classe

Discipline

Thèmes du programme

Cinquième

Histoire

L’Église en tant qu’acteur essentiel de la Chrétienté occidentale médiévale (Moyen Âge)

Première

Espagnol

Rôle politique et éducatif de l’Église

Terminale

Espagnol

Facteurs de cohésion : la religion catholique

LV

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Canonisation, Ordre, Saint, Ermites de Saint-Augustin, Guelfes et Gibelins
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Origines et corpus : Théologie, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme : Rites et pratiques : Monachisme
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Viallet Ludovic, Lett Didier, LETT Didier, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale. Nicolas de Tolentino, 1325, Paris : Presses Universitaires de France, Le nœud gordien, 2008, 473 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/lett-didier-proces-canonisation-au-moyen-age-essai

Publications



FAITS RELIGIEUX ET MANUELS D'HISTOIRE
Sous la direction de Dominique AVON, Isabelle SAINT-MARTIN et John TOLAN
Le but : comparer les manuels d’histoire de fin de cycle secondaire mais aussi prendre en considération les pratiques scolaires, ainsi que les différentes catégories d’acteurs impliqués dans l’élaboration des contenus. L’objet : examiner le religieux, le(s) fait(s) religieux, les...

VISITER
VOIR TOUTES LES PUBLICATIONS


Théorie de l’évolution et religions
Sous la direction de Philippe PORTIER, Michel VEUILLE et Jean-Paul WILLAIME. Actes du colloque des 14 et 15 mai 2009 au Lycée Henri IV

 

Plus de 150 ans après la publication de L’Origine des espèces (1859) du biologiste anglais Charles Darwin (1809-1882), la théorie de l’évolution est toujours mise en cause aujourd’hui, tant en milieu chrétien que musulman, par des personnes considérant qu’elle est incompatible avec les...

VISITER
VOIR TOUTES LES PUBLICATIONS

RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

CARNET IESR
TWITTER IESR