Traduction de l’américain par Jacqueline Carnaud, index.
Sommaire
Résumé
L’A. retrace les origines, l’apogée et le déclin de la diaspora juive en terre d’Islam. Cette étude est inspirée pour l’essentiel par une série de conférences données en 1981. L’A. montre que la notion de tolérance est étrangère au christianisme et à l’islam, mais que celui-ci a toujours accordé une protection juridique aux deux religions du livre (chap.1). Et cela, même si le statut de dhimmî* « archétype de l’inférieur et de l’opprimé » (p. 59) a fait l’objet du mépris des théologiens.
La tradition judéo-islamique, concept d’origine occidentale, revêt une importance fondamentale pour le judaïsme médiéval. La symbiose entre juifs et musulmans est plutôtd’ordre culturel, les communautés juives arabisées ayant partagé les valeurs des sociétés d’Islam (chap. 2). Les invasions turques et mongoles mettent fin au califat, de nouveaux centres du pouvoir apparaissent, de l’Inde au Maroc. Les juifs de langue persane et les juifs arabophones constituent les deux plus grandes communautés juives. La communauté ottomane connaît un destin privilégié puis sa situation s’assombrit dès la fin du XVIe siècle (chap. 3). La tradition judéo-islamique se délite au XIXe siècle avec l’intervention des Européens. La dégradation de la situation des juifs orientaux contraste avec l’émancipation contemporaine des juifs d’Europe occidentale. Des sociétés philanthropiques juives créées en Occident (dont l’Alliance israélite universelle, 1860) viennent en aide aux Juifs du monde musulman. Les premiers pamphlets de langue arabe apparus dans le monde musulman sont des traductions de textes français contemporains de l’affaire Dreyfus (chap. 4).
Points forts
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Une analyse érudite et fine des interactions entre le judaïsme de diaspora et l’islam (chap. 2). Les deux traditions présentent de nombreuses similitudes. La théologie juive, la philologie hébraïque, la littérature et les arts sont largement tributaires du monde islamique.
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Une présentation détaillée, chronologique et nuancée de la dhimmâ, illustrée par des textes peu connus : la lettre du calife ‘Umar I (634-644) à un gouverneur ; la sentence d’un juriste rédigée à Séville au XIIIe siècle; le firman ottoman de 1856 abolissant les restrictions sur les Juifs ; la règle imposés par les mollahs à des Juifs iraniens au XIXe siècle.
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La question délicate de l’antisémitisme musulman : la littérature polémique violemment antijuive reste une exception au Moyen Âge (hormis Ibn Hazm XIe siècle). C’est seulement au XIXe siècle que la propagande chrétienne accusant les Juifs de meurtre rituel et de complot international trouvent un écho dans le monde musulman.
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Un éclairage sur les raisons et le processus de dégradation de la situation des Juifs en terre d’Islam : le colonialisme en dévalorisant le statut de dhimmî* fait tomber les barrières, juridique et traditionnelle, qui assuraient aux Juifs leur protection en tant que minorités.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Cinquième |
histoire |
Monde musulman : la diffusion de l'islam |
Domaines religieux : Islam, Judaïsme, Islam : Politique et société : Relations avec le judaïsme, Islam : Origines et corpus : Mahomet, Islam : Généralités
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Lewis Bernard, LEWIS Bernard, Juifs en terre d’Islam, Paris, Calmann-Lévy, [1984, Princeton University Press] 1986, 258 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/lewis-bernard-juifs-terre-dislam-paris-calmann-levy