Traduit de l’anglais [1988] par Odette Guitard, index.
Sommaire
Résumé
Pour l’essentiel, l’ouvrage reprend des conférences universitaires données en 1988 à Chicago par B. Lewis au centre John-M. Olin de Recherche sur la démocratie. Pour comprendre le langage politique actuel en pays d’Islam, et éclairer son « système de métaphores et d’allusions » (chapitre I), l’auteur analyse de l’intérieur le discours politique islamique, à partir des sources religieuses, Coran et tradition, et de l’histoire. La pensée politique de l’islam est redevable à l’héritage ante-islamique, aux grands empires contemporains de la naissance de l’islam, et aux invasions turques et mongoles. B. Lewis part du postulat selon lequel, à la différence de l’Occident chrétien, l’islam, jusqu’au XIXe siècle (avant l’occidentalisation) n’a jamais séparé le spirituel et le temporel, le religieux et le séculier.
La puissance du vocabulaire politique de l’islam est explorée à partir de deux « thèmes ». Le premier pose l‘islam, à la fois comme la référence identitaire et le fondement du « loyalisme ». Dans la plupart des pays musulmans, l’islam est le « critère suprême » (p. 16) bien avant les références ethniques ou linguistiques. Le second thème fait de l’islam la source première de la légitimité du pouvoir, avant d’autres idéaux (nationalisme, souveraineté populaire…). Selon B. Lewis, l’islam offre un puissant « système de symboles » (p. 17) mobilisateurs et attractifs pour les sociétés, sa puissance verbale est plus affirmée que dans d’autres religions.
L’ouvrage n’est pas une recension systématique du vocabulaire politique. Il donne une sélection de termes replacés dans le cadre d’une réflexion ordonnée autour de quatre thèmes : souveraineté et autorité, (chapitre II « le corps politique », 26 p), les titres de la souveraineté (« Gouvernants et gouvernés », 39 p.), « la guerre sainte et la paix » (chapitre. IV, 39 p.), la tradition de courants de révoltes contre le mauvais gouvernement (chapitre V, « Les limites de l’obéissance » 37 p »).
Les points forts
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Une étude de textes de la culture islamique pourra s’appuyer sur la richesse des métaphores empruntées à l’espace, à la vie, au corps, à la famille, au voyage et dont l’ouvrage donne de bons exemples (chap. I).
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Une étude érudite qui permettra de revisiter les termes couramment utilisés dans l’histoire des pays musulmans (calife, sultan, dhimmî…) en montrant pour chacun d’eux les nuances et les usages selon les aires, les époques (par exemple, l’évolution du millet) et le registre de la langue (madîna, sultan…) et la correspondance entre les termes arabes de la souveraineté : calife, mâlik… et persans ou turcs, tels shah, sultan…
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Un éclairage sur l’origine et les significations de termes portés par l’actualité (âyatollâh, umma, djihâd, fitna).
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Des possibilités d’approfondissement des notions grâce aux compléments appelés en note au fil des chapitres et regroupés à la fin du livre.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
5ème |
histoire |
monde musulman : le Coran, la diffusion de l'islam |
2e |
histoire |
la Méditerranée au XIIe siècle |
terminale |
géographie |
les grandes aires de civilisation (cultures, langues, religions) |
lycée |
arabe |
califats |
Domaines religieux : Islam : Origines et corpus : Coran, Islam : Généralités, Islam : Origines et corpus : Hadith, Islam : Arts : Littérature, Islam
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Lewis Bernard, LEWIS Bernard, Le langage politique de l’Islam, Paris, Gallimard, Bibliothèque des Sciences humaines, 1998, 256 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/lewis-bernard-langage-politique-lislam-paris