Annexes : trois textes, index.
Sommaire
Résumé
Al-Qâshânî, grand soufi du XIVe siècle, occupe une place particulière dans le soufisme médiéval en raison de son œuvre doctrinale considérable, notamment ses Commentaires ésotériques du Coran très largement diffusés dans les milieux du soufisme.
Dans les six premiers chapitres, l’auteur expose les principes de cette herméneutique, fruit d’une « inspiration intérieure » sans cesse approfondie par la méditation. La méthode d’exégèse de al-Qâshânî se caractérise par sa rigueur et sa cohérence. Elle distingue cinq niveaux d’interprétation étroitement liés.
Les chapitres suivants examinent des points de doctrine et les grands thèmes des commentaires : question de la prédestination (chap. 7) ; « nature du mal » opposée à la conception exotérique du « péché » (chap. 8) ; rôle des rites et des pratiques ascétiques pour se rapprocher de Dieu (chap. 9). Parmi les thèmes eschatologiques, al-Qâshânî s’intéresse surtout à la « rétribution » (chap. 10). Il se penche aussi sur les attitudes spirituelles des Gens de la « Guidance de Dieu » : juifs et chrétiens. Les juifs, n’atteindront que le « premier niveau » du paradis et les chrétiens, le deuxième niveau ». Seul, l’islam, « sommet absolu », réalise la « synthèse » de la Torah et des Évangiles (chap. 11). Le dernier chapitre présente la vision de l’histoire de al-Qâshânî, qui s’apparente à celle de nombreux soufis et du shî’isme. Toute « création » est décrite comme un cycle « majeur » d’occultation, car Dieu se « voile » derrière ses attributs. Ce vaste cycle inclut les cycles « mineurs » des six missions prophétiques, Adam, Enoch, Noé, Abraham, Moïse, Jésus, Muhammad (chap. 12).
Points forts
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L’originalité de la méditation de al-Qâshânî, elle doit peu à des apports théoriques extérieurs. Elle a été fécondée par le Coran (voir Éric Geoffroy, Initiation au soufisme). Malgré ce lien avec le texte fondateur de l’islam, des théologiens ont rejeté cette exégèse comme une innovation dangereuse (bid ‘a), notamment la doctrine de « l’unicité de l’existence ».
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La présentation d’une figure majeure du soufisme à partir de quelques rares données sur la vie de ce grand soufi dont une partie seulement de l’œuvre nous est parvenue. Moins bien connue en Occident que Ibn ‘Arabî.
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Une réflexion sur la notion de « grand djhâd » (Djihâd al-akbar) à travers l’itinéraire du soufi, soumis à une lutte entre les puissances « ténébreuses » et « lumineuses » (chap. 6). Ainsi l’homme devra combattre la « pesanteur » de l’âme (nafs), symbolisée par Ève, en mobilisant les forces lumineuses : l’esprit (rûh), le cœur (qalb), représenté par Adam et considéré comme le « lieu de la connaissance » (p. 85).
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L’interprétation de certains épisodes coraniques (Exode, histoire de Zaccharie) par un symbolisme ternaire du combat des trois forces (l’âme, l’esprit, le coeur).
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La conception soufie de la nature du mal (chap. 8) pourra enrichir les cours de philosophie en la confrontant par exemple à la notion du « péché » dans le christianisme.
Utilisation dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
5e |
histoire |
Moyen âge. Le monde musulman. Le Coran |
NS
Domaines religieux : Islam, Islam : Doctrines et courants, Islam : Politique et société : Relations avec le christianisme
Guide des ressources :
Référence du document
Recension : « Lory Pierre, LORY Pierre, Commentaires ésotériques du Coran d’après ‘Abd Al-Razzâ al-Qâshânî, Paris, Les Deux Océans, 2e éd. 1990 [1980], 224 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/lory-pierre-commentaires-esoteriques-du-coran-dapres