Sommaire

Résumé

Ce 34^e volume des œuvres complètes d’Henri de Lubac, publiées par l’Association internationale Cardinal Henri de Lubac, regroupe tous ses écrits relatifs à l’antisémitisme nazi et vichyssois. Sensibilisé dès les années 1930 aux dangers du nationalisme et du racisme (texte 1), ce jésuite décide de réveiller les consciences face à ce qui est en train de se passer après la défaite de juin 1940 : les catholiques français, versant dans le masochisme de l’auto-accusation, semblent renoncer au combat contre l’hitlérisme, tandis que dès le 1^er octobre 1940, le conseil des ministres réuni à Vichy pose les premières assises d’un statut spécial pour les Juifs sans que la hiérarchie catholique ne  semble réagir. Pour son combat, l’auteur utilise les armes de la théologie qu’il enseigne à Lyon. Dès janvier 1941, il profite de deux leçons prononcées aux Facultés catholiques de Lyon sur « le fondement théologique des missions » pour dénoncer le racisme à l’œuvre (texte 2). Le 25 avril de cette même année, devant le mutisme du magistère, il adresse à ses supérieurs une lettre respectueuse mais ferme, les avertissant des dangers de l’idéologie nazie pour les chrétiens de France (texte 3). Il profite de ses interventions devant des publics plus ou moins restreints ou des espaces laissés par la censure pour faire entendre sa protestation (textes 4 à 10). En novembre 1941, il franchit une nouvelle étape en s’associant à la publication dans l’illégalité du premier numéro des Cahiers du témoignage chrétien qui cherchent à faire contrepoids à la propagande du nazisme en le combattant sur le plan culturel et intellectuel. Diffusés clandestinement à plusieurs milliers d’exemplaires, Les Cahiers jouent un rôle important dans l’évolution de toute une partie des catholiques français. Les huit articles d’Henri de Lubac parus dans ces Cahiers constituent les textes 11 à 18.

Le texte 19, Résistance chrétienne à l’antisémitisme, est d’une autre nature. Il s’agit de la reprise du volume paru en 1988 chez Fayard. Sollicité par ses amis, Henri de Lubac avait accepté de mettre par écrit les souvenirs de ses années de guerre. Ce dernier document permet de mieux saisir le contexte dans lequel ont été écrits les 18 textes qui précèdent. Par ailleurs, il témoigne de la loyauté du jésuite, devenu cardinal, envers l’Église catholique. Alors qu’il a eu maille à partir avec sa hiérarchie, il cherche à faire comprendre l’attitude très prudente des évêques durant l’Occupation et prend la défense de Pie XII. À ceux qui lui ont fait le reproche d’avoir adopté un ton d’apologiste, il répond : « La chose était inévitable. Que ce soit par une connaissance insuffisante ou déformée des faits, ou par un penchant trop critique, assez généralisé, envers les hommes d’Église, ou simplement par manque d’imagination rétrospective chez ceux, qui n’ayant pas vécu en ces années, peuvent assez mal reconstituer les situations réelles et les débats de conscience qu’elles imposaient, bien des jugements peu équitables ont été portés à leur endroit et s’imposent encore à l’opinion. » (p. 743).

Points forts

• Les 18 premiers textes, écrits de 1933 à 1945, constituent des documents passionnants et accessibles aux élèves (en en choisissant quelques extraits) pour étudier la résistance catholique au nazisme et à l’antisémitisme.

• Le dernier texte, Résistance chrétienne à l’antisémitisme, écrit dans les années 1980, donne le témoignage après coup d’un acteur de la période qui se positionne par rapport aux débats historiographiques nombreux concernant l’attitude de l’Église durant la Seconde guerre mondiale. Il montre la complexité des engagements et plaide pour que les historiens fassent un effort d’imagination pour replacer les actes et les déclarations dans le contexte de l’époque, avant de jouer les procureurs.

• Chacun des documents est présenté par l’historienne Renée Bédarida, ce qui permet de situer le contexte dans lequel il est écrit et d’apprécier sa portée.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

CM