Sommaire

Résumé

Dans l’introduction F. Mardam-Bey et Elias Sanbar insistent sur le lien entre la question de Jérusalem et celle de la Palestine, depuis 1948. Jérusalem est présentée sous trois aspects : symbolique, historique et politique. Dans la première partie, la valeur symbolique et la sacralité de la ville, Al-Qods pour l’islam, sont évoquées par Salah Stétié, « Jérusalem entre le songe et la veille » et le témoignage du grand géographe palestinien al-Muqaddasî (X^e siècle) présenté par André Miquel. Youakîm Moubarac, prêtre et théologien maronite d’origine libanaise, formé par Louis Massignon, consacre une étude érudite aux lieux saints des trois monothéismes.

La deuxième section regroupe quatre contributions d’historiens : Khalîl  Atâmina, professeur d’histoire et de civilisation arabe et islamique à l’Université de Bir Zeit (Cisjordanie) est spécialiste des premiers temps de l’Islam, des Omeyyades au début des ‘Abbâssides. Dans un article érudit traduit de l’arabe, il soutient une thèse contestée par les historiens israéliens : il veut montrer que Jérusalem a été capitale de la Palestine, des premiers califes aux 40 premières années de l’empire omeyyade. Pierre Aubé, éminent médiéviste, historien des croisades dresse un tableau de près d’un siècle de présence franque (1099-1187). L’historien Adil Mannâ, professeur à Bir Zeit, résume quatre siècles de domination ottomane jusqu’au mandat britannique. Ce dernier fait l’objet d’une étude par Henry Laurens, titulaire de la chaire « Histoire contemporaine du monde arabe » au Collège de France.

La dernière section : « Une ville sous occupation », réunit quatre articles. Le témoignage de Ibrahim Dakkak, architecte et militant politique à Jérusalem, décrit le quotidien de la résistance populaire dans la ville occupée depuis juin 1967. Michael Dumper, chercheur en sciences politiques (Royaume-Uni, Université d’Exeter) retrace les étapes de la colonisation israélienne de Jérusalem, de 1980 à 2000. Les perspectives de résolution du conflit sont traités par le Palestinien Walid Khalidi professeur d’études politiques au Liban et Monique Chemillier-Gendreau, spécialiste reconnue de droit international. Cette dernière met en garde contre les dangers de la manipulation de l’histoire et passe en revue les solutions de droit de la question palestinienne.

Points forts

• La diversité des aspects traités par des spécialistes, mais on regrettera vivement l’absence des points de vue des historiens israéliens sur un sujet aussi sensible que celui de Jérusalem. On se reportera à la contribution de Shmuel Trigano dans la revue Dédale. Enfin il manque pour certaines contributions un appareil de notes et une bibliographie conséquente. La notion de Lieux saints, revisitée d’un point de vue historique et juridique par Youakîm Moubarak (décédé en 1995), depuis les statuts anciens jusqu’au statu quo ottoman. Une taxonomie minutieuse des édifices dans les trois monothéismes : outre les trois Lieux saints (Saint-sépulcre, Mur de l’Ouest, Esplanade des Mosquées), des monuments divers (synagogues, médersas, basiliques…) et des « sites sacrés ».

• De larges extraits de l’œuvre du géographe Muqaddasî, La meilleure répartition (Ahsan al-Takasîm fî ma‛rifat al-akâlîm) traduits par A. Miquel, (Damas, 1963), et commentés : outre une biographie sommaire de Muqaddasî, une analyse de sa présentation de Jérusalem, à la fois rhétorique et soucieuse d’objectivité, et surtout ses larges références bibliques et coraniques.

• La contribution indispensable d’H. Laurens sur la période essentielle du mandat britannique (1922-1947) avec les premières implantations juives, les achats de terres, et le rôle affirmé de Jérusalem, à la fois capitale politique et, de plus en plus, symbole du conflit en gestation au Proche-Orient.

• Une étude documentée de la stratégie territoriale d’occupation de la Vieille Ville de Jérusalem par Israël depuis 1980, date de la loi proclamant Jérusalem capitale de d’Israël : phases, acteurs, organisations, procédés « légaux ».

Utilisation possible dans les programmes scolaires