1ère éd. italienne, 2003. Bibliographie, index chronologique, index onomastique.
Sommaire
Résumé
Ce livre est consacré à l’héritage du frère François d’Assise, héritage constitué en fait essentiellement du Poverello « lui-même avec sa volonté et sa capacité quasiment uniques de faire renaître la “vie selon la forme du saint Évangile” » (p. 17). Le premier chapitre montre le passage d’une fraternité, constituée vers 1210, à l’institutionnalisation d’un ordre dont François réprouvait certaines évolutions allant dans le sens de l’assimilation aux autres formes de vie religieuse. La canonisation du pauvre d’Assise en juillet 1228 constitua un atout pour l’ordre naissant. Les second et troisième chapitres montrent bien comment cette sainteté a été intégrée dans un vaste dessein inspiré par la papauté, sous la protection de laquelle les « frères mineurs » étaient placés depuis le début. L’expansion géographique des premières décennies s’accompagna d’une stabilisation matérielle et institutionnelle, donc d’un inévitable assouplissement des règles de vie originelles — qui proscrivaient notamment tout contact avec l’argent. Parallèlement, une autre figure fondatrice, celle de Claire, se battit jusqu’à sa mort en 1253 pour défendre la « sainte pauvreté » et la filiation des « Clarisses » avec le franciscanisme des origines. Le processus d’institutionnalisation de la bouillonnante famille franciscaine atteignit son point d’orgue sous le ministre général Bonaventure de Bagnoregio (1257-1274). Il s’est agi d’une mise en ordre et, pourrait-on dire, d’une adaptation à la réalité, qui se fit notamment au prix d’une réécriture des origines, puisqu’en 1266 le chapitre général ordonna que soient détruites toutes les légendes hagiographiques franciscaines antérieures à la Legenda major, achevée par Bonaventure trois ans auparavant. Le schéma et les modèles choisis et imposés alors construisirent « un saint François fonctionnel, conçu pour l’Ordre et interprété en usant d’une clef de théologie spirituelle » (p. 143) due à la réflexion de l’un des grands intellectuels du XIIIe siècle, canonisé en 1482. Cette canonisation tardive fut perçue comme susceptible de contribuer à l’unité de la famille franciscaine, après deux siècles de déchirements et d’affrontements relatés avec finesse dans les chapitres IV et V : entre la « Communauté » et les « Spirituels » tout d’abord, ces derniers payant d’une répression mortelle, à partir de la décennie 1310, leur exigence extrême de pauvreté ; entre les « Conventuels » et les différents courants rassemblés sous le terme générique d’« Observance », ensuite, le vaste mouvement réformateur enclenché à la fin du XIVe siècle ne faisant que progresser. En 1517, la papauté entérina la scission de l’ordre, au bénéfice des Observants devenus majoritaires. À la même époque, l’arbre franciscain commençait à s’étendre sur le Nouveau Monde et en Italie sortait une nouvelle branche, celle des capucins, qui prit son indépendance un siècle plus tard. C’est ce tableau contrasté que brosse le dernier chapitre de l’ouvrage en s’avançant dans les premières décennies du XVIe siècle.
Points forts
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La meilleure synthèse sur l’histoire du plus important des ordres religieux de la fin du Moyen Âge.
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Une réflexion sur le rapport entre utopie et réalité, si l’on croit vraiment, comme les premiers franciscains et nombre de leurs successeurs, qu’« un autre monde est possible ».
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Un ouvrage sur la fidélité et surtout la revendication de la fidélité — à un homme, à un esprit, à des idées, à un groupe… Le cas franciscain permet de mieux comprendre comment, dans un ordre religieux comme dans un mouvement idéologique ou un parti politique, les différences d’interprétation et d’intérêts peuvent déboucher sur la recherche de solutions de compromis plus ou moins institutionnalisés, ou même à la scission.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Cinquième |
Histoire |
L’Église en tant qu’acteur essentiel de la Chrétienté occidentale médiévale (Moyen Âge) |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et Renaissance : Réformes protestante et catholique (Renaissance) |
Première |
Espagnol |
Rôle politique et éducatif de l’Église |
Terminale |
Espagnol |
Facteurs de cohésion : la religion catholique |
LV
Domaines religieux : Christianisme, Christianisme : Période : Renaissance, Christianisme : Politique et société, Christianisme : Rites et pratiques : Clergé, Christianisme : Doctrines et courants : Église catholique, Christianisme : Période : Moyen Age, Christianisme : Rites et pratiques : Monachisme
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Viallet Ludovic, Merlo Grado Giovanni, MERLO Grado Giovanni , Au nom de saint François. Histoire des Frères mineurs et du franciscanisme jusqu’au début du XVIesiècle, Paris : Cerf / Éditions franciscaines, 2006, trad. française, 414 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/merlo-grado-giovanni-au-nom-saint-francois-histoire