Sommaire

Résumé

Au Moyen Âge, époque à laquelle la vie spirituelle et ecclésiastique prend corps et se vivifie au contact de nouvelles expériences monastiques, les congrégations et les ordres religieux jouent un rôle fondamental dans la vie de l’Église et la société. L’A. propose de retracer leur histoire en débordant de beaucoup le seul cadre religieux. La première partie de l’ouvrage s’ouvre sur les fondements de la vie monastique, empruntés à la tradition orientale. Révélé à l’Occident par Athanase d’Alexandrie, le monachisme connaît un véritable essor le long du littoral méditerranéen. Entre les IV^e et VI^e siècles, il se structure autour de grandes règles dont la plus importante, celle dite de Benoît (chap. II), donne naissance à la principale famille monastique médiévale. Durant cette période, la vie conventuelle gagne en intensité (chap. III) : des pères irlandais désireux de fuir le monde s’implantent dans les pays celtes et forment des communautés cénobitiques (voir cénobitisme) attirées par une vie très austère dont Colomban est le plus fidèle représentant. Au moment où il disparaît (615), les réguliers sont bien implantés en Europe et si les familles bénédictines connaissent ensuite quelques difficultés, la réforme prônée par Benoît d’Aniane et soutenue par Louis le Pieux au début du IX^e siècle revigore le monachisme traditionnel en redonnant à l’office divin et au travail manuel sa pleine valeur spirituelle (chap. IV). Fondées sur la règle bénédictine, d’autres entreprises de “ régénération ” prolongent ces premiers efforts et favorisent une observance plus rigoureuse de la règle : Cluny, dont l’expansion sous les abbatiats d’Odon et d’Odilon est considérable (chap. V), joue un rôle important, surtout au XI^e siècle. En introduisant une spiritualité et une théologie adaptées à un monde en pleine mutation, les moines noirs bénéficient des largesses des laïcs, exercent un ascendant sur la société féodale et participent aux grandes entreprises ecclésiastiques de l’époque (chap. VI). Aux insuffisances du monachisme traditionnel (chap. VII) et aux critiques formulées à l’encontre des Clunisiens devenus très influents, succèdent des entreprises réformatrices originales (Camaldoli, Grandmontains, Chartreux) qui connaissent un succès indéniable (chap. VIII). Mais aucune d’elle n’atteint la renommée de Cîteaux (chap. IX), dont la réussite tient pour une large part dans la restauration complète du cénobitisme sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux. Pour finir, trois chapitres permettent à l’A. d’évoquer les ordres mendiants (Dominicains, Franciscains, Carmes), qui assurent prédication et direction spirituelle auprès des fidèles. Comme les autres conventuels des deux derniers siècles du Moyen Âge (chap. XIII), les Mendiants connaissent des difficultés et doivent entreprendre une réforme afin de restaurer la discipline traditionnelle. La conclusion générale de l’ouvrage, en proposant un bilan de l’action historique des ordres monastiques et religieux au Moyen Âge, écorne à bon escient les découpages traditionnellement utilisés pour établir une “ chronologie raisonnée ” de l’histoire monastique qui ne peut être calquée sur la périodisation habituelle établissant une fracture entre Moyen Âge et Époque moderne.

Points forts

Une synthèse réussie qui expose clairement les thèses (parfois contradictoires) développées au cours des dernières décennies par d’importantes études. Les pages sur les difficultés et le renouveau des réguliers durant les deux derniers siècles du Moyen Âge méritent d’être actualisées à partir de l’ouvrage de Jean-Marie Le Gall Les moines au temps des réformes. France, 1480-1560 (Champs Vallon, 2001).

Utilisation possible dans les programmes scolaires