Chronologie, bibliographie, glossaire.
Sommaire
Résumé
Dès le Moyen Age est affirmé le caractère national de l’Église d’Angleterre, dans la mesure où les liens sont distendus avec Rome, perçu comme une puissance étrangère. L’auteur examine l’histoire de cette Église, en Angleterre, qui rompt avec Rome au terme des années cruciales de 1533-1534. Le rôle des rois anglais est bien mis en valeur, car leur souveraineté comprend le domaine religieux.
Les raisons du schisme anglican sont variables : il faut distinguer les causes profondes, comme l’anti-papisme, le pluralisme, ou l’essor du protestantisme, des causes immédiates, comme le divorce d’Henri VIII (1509-1547), le prince schismatique (chap. I). Le résultat est la formation d’une Église nationale, un « catholicisme sans pape », qui dans la seconde moitié du XVIe siècle fluctue selon les souverains : ainsi Édouard VI (1547-1553) se rapproche du protestantisme, alors que Marie Tudor (1553-1558) opère un retour au catholicisme. Ces hésitations doctrinales trouvent un point de ralliement avec le long règne d’Élisabeth Ière (1558-1603), qui établit un compromis entre les différentes tendances religieuses. Bien que les convictions personnelles de la reine soient encore aujourd’hui énigmatiques, la troisième voie élisabéthaine (via media) a pour but essentiel de préserver l’unité du royaume, stabilisé autour d’un souverain et d’une foi (chap. II). Ses successeurs, Jacques Ier et Charles Ier Stuart (1603-1642), fervents partisans de l’autorité royale, ont des sympathies catholiques à peine dissimulées, voulant diminuer l’influence des puritains et réprimant les calvinistes les plus rigoristes. Néanmoins, les tensions perdurent, déclenchant la guerre civile en août 1642 et provoquant une nouvelle vague d’iconoclasme. Les puritains, soutenus notamment par le Parlement, prennent le pouvoir, fermant par exemple les théâtres par crainte du vice et de la débauche (chap. III). Le retour des derniers Stuart (1660-1668) apporte certes une restauration de l’Église dans sa forme ancienne, forte et unie, mais le pays est toujours divisé par la question religieuse : le roi est catholique, quand la majorité des sujets sont anglicans. Seule la Glorieuse Révolution conduit à plus de tolérance, en plaçant sur le trône le calviniste Guillaume d’Orange (1688-1702). Après des décennies de conflit religieux, l’heure est à l’apaisement (chap. IV).
Le XVIIIe siècle connaît quelques querelles théologiques et des soubresauts violents à ses débuts (des chapelles non-conformistes sont brûlées à Londres), mais dans l’ensemble le calme est si bien revenu que l’Église a pu être dite assoupie. Puis, peu à peu, la baisse du sentiment religieux cède la place à une nouvelle ferveur, qui se développe notamment autour de l’évangélisme anglican, et qui donne à la piété une expression concrète (chap. V). Les efforts cumulés du Parlement, des évangéliques et des libéraux se concrétisent dans les profondes réformes de l’ère victorienne, au XIXe siècle. La moralisation avance à grands pas : certains abus ecclésiastiques sont éliminés, les pasteurs sont dévoués à leur paroisse et le dogme est modernisé (chap. VI). Le XXe siècle est le prolongement de ces efforts, l’Église s’affranchissant du pouvoir politique et se caractérisant par une très grande tolérance. L’œcuménisme est un exemple de cette ouverture religieuse, dont la diversité est source de crainte pour certains croyants (chap. VII). L’identité insulaire remarquable de l’Église d’Angleterre, à la fois catholique et réformée, est issue de combats séculaires et de compromis douloureux.
Points forts
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Un ouvrage d’une grande concision, résumé habile de querelles complexes. L’accent est bien mis sur la diversité doctrinale et liturgique, qui enrichit l’Église d'Angleterre, mais fragilise son unité.
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Les aspects politiques sont bien traités, ce qui donne une perception globale du contexte religieux. On ne peut comprendre la formation de l’identité anglicane sans en saisir les aspects politiques.
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Un glossaire hors-texte très utile pour caractériser les nombreuses tendances doctrinales.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Primaire |
La réforme, les guerres de religion |
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Cinquième |
Histoire |
Les réformes protestante et catholique (renaissance) |
Quatrième |
Histoire |
Les divisions de l'Europe chrétienne entre catholiques et protestants (17e siècle) |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et renaissance : réformes protestante et catholique (renaissance) |
Quatrième |
Histoire |
La philosophie des lumières et la laïcisation des sociétés (18e siècle) |
Première pro |
Histoire |
Le fait religieux depuis 1850 - l'évolution des trois grandes religions monothéistes (mots-clés : monothéisme, croyance, rite, pratique, église, communauté, fondamentalisme, pratiques religieuses |
Seconde |
Anglais |
Lien social : multiculturalisme, divisions communautaires, le fait religieux (Canterbury, la Pennsylvanie, Salt Lake City…), les fêtes calendaires |
Première |
Anglais |
Religion : la chasse aux sorcières au 17e siècle (Salem) ; l'église catholique en Irlande ; le fondamentalisme protestant aux États-Unis ; les sectes en Grande-Bretagne et aux États-Unis ; l'anglicanisme (Angleterre) |
BM
Domaines religieux : Europe et religions : Grande-Bretagne, Christianisme : Arts : Architecture, Christianisme : Politique et société, Christianisme : Doctrines et courants : Église anglicane, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État, Christianisme : Doctrines et courants : Églises protestantes, Christianisme : Généralités
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Picton Hervé, Marceau Bertrand, PICTON Hervé, Histoire de l’Église d’Angleterre de la Réforme à nos jours, Paris, Éditions Ellipses, 2006, 158 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/picton-herve-histoire-leglise-dangleterre-reforme-a