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PIMPANEAU Jacques, Chine : mythes et dieux de la religion populaire, Arles, Éditions Philippe Picquier, 1999, 357 p.

Par
Table analytique, ill., index avec caractères chinois.

Sommaire

Résumé

Comme l’auteur l’explique au début du premier chapitre, le but de l’ouvrage est de « fournir au lecteur un petit guide sur l’arrière-plan mythique des statues que le voyageur peut voir dans les temples en Chine ou dans les communautés chinoises à l’étranger » (p. 7). Il est cependant bien plus que cela.

L’auteur analyse le thème en question dans toute sa complexité : nous assistons ainsi à l’évolution des mythes dans le temps (sous l’influence des changements sociaux, des apports étrangers, des vicissitudes historiques) et dans l’espace (par le moyen des innombrables variantes locales d’une même histoire dont la trame principale est connue dans tout le pays). L’auteur traite de la personnalité et de l’histoire des dieux, parcourant l’élaboration de certains mythes qui parfois remontent à l’antiquité. Nombreux sont ceux, précédés par une tradition orale populaire, qui sont impossibles à dater. La mythologie en Chine est inséparable de la religion populaire et à travers les histoires racontées nous pouvons ressentir la présence desdieuxdans la vie quotidienne du peuple. Dieux exorcistes, héros civilisateurs, ancêtres des professions, fonctionnaires de la bureaucratie céleste et juges des tribunaux infernaux, il existe une divinité pour toute occasion. Encore plus que des noms des dieux, les Chinois se soucient en fait de la fonction qu’ils occupent en tant que « manipulateurs du hasard » et à laquelle ils ont recours : les dieuxdescendent alors sur terre, et ils se manifestent et s’expriment par les médiums-chamans. Si les divinités peuvent être humanisées, il est possible aussi que des humains réussissent à s’élever au ciel : dès l’époque des Tang, un processus de déification de personnages historiques (qui remplaçaient des personnages purement mythiques) a été encouragé par les lettrés confucianistes dans le but de faire passer des concepts et des messages confucéens au niveau populaire.

Comme l’auteur le montre bien, la religion populaire chinoise a été marquée par le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme. Elle a englobé les conceptions de ces trois courants tout en restant une tradition distincte. Cette tradition s’est perpétuée grâce aux genres oraux tels que les ballades, le folklore et les romans, car « la littérature populaire se nourrissait de ces mythes et inversement en assurait la mémoire et la pérennité » (p. 8). En particulier, les différentes formes de la représentation théâtrale (théâtre sacré, théâtre d’acteurs, d’ombres ou de marionnettes) ont non seulement garanti la préservation des mythes, mais ont aussi assuré la continuité des rites auxquels les mythes apportent une légitimation. C’est pourquoi quand, à la suite d’événements historiques, des mythes ne sont plus transmis, « d’autres sont crées pour les remplacer tant que les rites anciens sont gardés » (p. 319). Par conséquent, le fait que les mythes semblent immortels est dû, pour une part, à leur capacité intrinsèque de se régénérer. D’autre part, quand les croyances religieuses dont ils sont issus (et les rites qu’elles impliquent) sont abandonnées et disparaissent, les mythes peuvent survivre en devenant des légendes ; ou encore, ils sont intégrés dans la littérature et dans les arts plastiques, qui « ont besoin d’avoir recours aux mythes pour évoquer des réalités que le langage rationnel reste impuissant à formuler » (p. 320).

Points forts

  • Une analyse scientifique qui est en même temps un recueil d’histoires, de contes et de légendes très agréables à lire, tout comme les fables d’antan.

  • Une description des mythes, mais aussi des rites et des usages liés aux principales fêtes traditionnelles qu’on célèbre aujourd’hui encore ; on découvre ainsi la raison d’être de quelques fêtes chinoises très connues comme la fête des lanternes, la fête de la mi-automne, la fête de l’Ullambana.

  • Un ouvrage qui explique le rôle politique concret – et parfois menaçant – que la religion populaire a toujours joué dans l’histoire de la Chine ; nous comprenons par conséquent les raisons pour lesquelles elle a été combattue en tant qu’hétérodoxie d’abord par les bureaucrates confucianistes puis par les cadres communistes. Ce qui n’a pas empêché à cette tradition de se perpétuer.

D. C.

NOTES DE BAS DE PAGE
NUAGE DE MOTS-CLEFS
Lexique : Mythe (shenhua), Médium, Légende (chuanshuo), Dieu (shen)
Domaines religieux : Religions d’Asie : Chine, Religions d’Asie
Guide des ressources : Recherche : Ouvrages

Référence du document

Recension : « Campo Daniela, Pimpaneau Jacques, PIMPANEAU Jacques, Chine : mythes et dieux de la religion populaire, Arles, Éditions Philippe Picquier, 1999, 357 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/pimpaneau-jacques-chine-mythes-dieux-religion

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