Sommaire

Résumé

La thèse de ce livre est “ qu’un changement sensible affecte progressivement les œuvres des XII^e et XIII^e siècles : leur valeur visuelle augmente ” (p. 11). L’auteur enracine sa démonstration sur une analyse serrée des productions artistiques tout en replaçant cette évolution dans un phénomène plus large : le “ besoin de visibilité accru ” (p. 98) caractéristique d’une société dans laquelle se manifeste une exigence croissante de voir pour croire à laquelle répond en particulier, dans ses principes structurants et ses solutions formelles, l’architecture gothique. Une première partie en deux chapitres (“ De la mécanique romancée à la cathédrale de lumière ”) “ établit les sédimentations de sens qui se sont accumulées entre notre objet et nous ” (p. 16) : il s’agit en effet de montrer comment a été défini, aux XIX^e et XX^e siècles, le concept de “ gothique ”, entre une vision technique et rationaliste, celle de Viollet-le-Duc, et une explication relevant du symbolique en réaction, dans les années 1950, à la précédente. Les notions d’ornement et d’espace, qui permettent aujourd’hui de cerner celle de style, “ ne recouvraient sans doute pas la même réalité pour un homme du XII^e ou du XIII^e siècle que pour nous ” (p. 48). Quatre chapitres composent ensuite une “ introduction à l’art des cathédrales ” (deuxième partie) qui commence par souligner l’importance de l’élévation de l’hostie et le rôle joué par François d’Assise (chap. III). Dans la première moitié du XIII^e siècle, en effet, le geste de l’élévation se répand dans toute l’Europe en réponse au besoin des fidèles de voir l’hostie lors de la consécration, tandis que le Poverello cherche à rendre visible le modèle évangélique par l’imitation, publique et en actes, du Christ. On peut alors plonger au cœur de l’ouvrage avec le long chapitre suivant, dans lequel l’auteur réouvre le dossier de la genèse de l’architecture gothique en rompant d’emblée avec la vieille croyance, encore répandue, selon laquelle l’abbatiale Saint-Denis aurait constitué un véritable acte de naissance. Plusieurs édifices, lieux d’innovations, font l’objet d’un examen attentif, en particulier les cathédrales de Bourges et Chartres, avant de voir comment les “ modèles français ” ont été assimilés ailleurs. Délaissant le monument en lui-même, l’auteur analyse ensuite les images sculptées en prenant en compte leur place dans l’édifice sacré, déterminée par leur fonction (chap. V), et clôt son ouvrage en faisant converger formes et fonctions dans un dernier chapitre consacré aux modèles et à la transmission des types.

Points forts

• Une approche “ ouverte ” et stimulante combinant l’analyse des édifices et des objets — sculpture, vitrail, orfèvrerie, peinture — avec ce que l’on connaît des pratiques religieuses médiévales, les enseignements des textes et l’histoire des idées.

• Une démarche attentive à ne pas s’en tenir à une histoire des formes qui négligerait la fonction spécifique de l’œuvre.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

LV