Notes bibliogr., annexes.
Sommaire
Résumé
Jérôme Rousse-Lacordaire veut évaluer, en tant que catholique, les rapports entre Église catholique et Franc-Maçonnerie, ainsi que l’attitude à adopter sur ce point. Dans cette perspective in fine théologique et pastorale, il propose une étude historique « des regards que le Vatican a porté et porte encore sur le phénomène maçonnique » (p. 7). On laissera de côté la dimension théologique de cette étude, essentiellement présente dans la première partie et dans la conclusion, consacrées à l’étude de la déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (1983) maintenant l’incompatibilité de l’appartenance à l’Église catholique et à la Franc-Maçonnerie. On retiendra les éléments proprement historiques dégagés par l’étude des « représentations du Magistère catholique romain, telles qu’elles apparaissent dans les textes officiels qui émanent directement de cette Autorité » (p. 8).
L’A distingue trois périodes. Entre 1738 (lettre apostolique In eminenti de Clément xi condamnant pour la première fois la Franc-Maçonnerie) et la Révolution française, le Saint-Siège condamne la Franc-Maçonnerie pour des raisons politiques et religieuses, sans cependant hiérarchiser les motifs (secret absolu, réunions illégales, pluriconfessionnalisme). La situation politique en Italie joue un rôle dans ces premières condamnations.
Après la Révolution s’ouvre une deuxième période. De 1821 (constitution Ecclesiam a Jesu Christo de Pie viii) à 1884 (encyclique Humanum genus de Léon xiii), la diabolisation de la Franc-Maçonnerie se construit en lien avec un contexte peu favorable au Saint-Siège : offensives anticléricales de l’État libéral, unification italienne contre les États pontificaux, développement des associations maçonniques et politiques anticléricales. L’antimaçonnisme du Vatican devient l’un des éléments de l’antimodernité catholique. En effet, la Franc-Maçonnerie est considérée comme le « paradigme du libéralisme » (p. 128). Avec le concile Vatican ii (1962-1965) s’ouvre une période de dialogue partiel, liée à des distinctions catholiques entre Maçonnerie antisociale et anticatholique et Maçonnerie non asociale et areligieuse, Maçonnerie régulière et Maçonnerie irrégulière, Maçonnerie fidèle à ses origines chrétiennes et ses expressions historiques. Cependant, le Saint-Siège n’avalise en partie que la première et la troisième distinction, et maintient son hostilité de principe.
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Domaine : Christianisme.
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Sous-domaines : Catholicisme. Époque contemporaine. Représentations collectives et mentalités. Rapports avec les pouvoirs publics.
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Profil : Ouvrage spécialisé.
Points forts
- Une étude de textes papaux ayant leur propre logique de fonctionnement et leur propre vocabulaire, souvent difficilement compréhensibles par le profane.
- Une étude de textes systématiquement replacés dans leur contexte à l’aide d’une solide bibliographie, permettant d’approcher facilement l’antimaçonnisme catholique des xixe et xxe siècles.
- L’A. intègre explicitement ses préoccupations théologiques dans sa démarche scientifique. Il met en lien sa démarche historique universitaire et sa réflexion théologique et pastorale. Une telle explicitation des a priori est rare, et donc remarquable, dans un travail scientifique. Elle est de plus féconde.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thème |
Seconde |
Histoire |
L’Europe en mutation dans la première moitié du XIXe siècle |
Première |
Histoire |
Caractères de la vie religieuse en Europe et en Amérique du Nord (19e siècle |
Première |
Histoire |
Relations entre les Églises et le monde moderne : le catholicisme, entre acceptation et refus (19e siècle) |
Première pro |
Histoire |
Le fait religieux depuis 1850 - l’évolution des trois grandes religions monothéistes (mots-clés : monothéisme, croyance, rite, pratique, Église, communauté, fondamentalisme, pratiques religieuses |
P.A.
Référence du document
Recension : « Rousse-Lacordaire Jérôme, ROUSSE-LACORDAIRE Jérôme, Rome et les Francs-Maçons. Histoire d’un conflit, Paris, Berg International, coll. « Pensée politique et Sciences Sociales », 1996, 195 p. » 2007, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/rousse-lacordaire-jerome-rome-francs-macons-histoire