Édité, traduit et présenté par Jean-Pierre Grossein. Précédé d’une présentation, d’un glossaire raisonné et d’une note éditoriale, suivi de : Notes du traducteur aux notes de Max Weber, Glossaire des noms propres, Glossaire des notions, des mouvements, etc., Bibliographie des ouvrages cités par Max Weber, Index des noms, Index des lieux, Index analytique.
Sommaire
Résumé
Max Weber cherche à « établir si, et dans quelle mesure, des influences religieuses ont participé au façonnement qualitatif et à l’expansion quantitative de cet "esprit" [du capitalisme] à travers le monde et quels aspects concrets de la culture capitaliste remontent à elle » (p. 91).
L’auteur montre comment la doctrine calviniste de la prédestination conduit l’homme à une ascèse intramondaine. En effet, l’homme doit se considérer uniquement comme l’instrument de Dieu sur terre et non comme capable de mériter lui-même le salut. De ce fait, il consacre toutes ses forces à travailler à la place où Dieu l’a mis dans la société par une vie ascétique méthodique et rationnelle dans le monde. Le succès de ce travail est un signe qu’il fait partie des prédestinés.
Ceci concerne de manière diverse les calvinistes, mais aussi les différents courants piétistes et les « sectes protestantes » issues de l’anabaptisme.
L’ascèse protestante intramondaine s’est opposée à la consommation parce qu’elle condamnait la jouissance des biens. En revanche, elle a levé tous les obstacles de l’éthique traditionnelle mettait à la recherche du gain et à l’acquisition de la richesse. Ce faisant, elle a été un levier très puissant de l’expansion de l’esprit du capitalisme : elle a poussé à la formation du capital par la contrainte ascétique à l’épargne. Les idéaux de vie puritains se sont effacés petit à petit avec l’enrichissement et ses tentations d’utilisation personnelles. Il en est resté un capitalisme bourgeois pouvant compter sur des travailleurs sobres et consciencieux. L’ensemble repose fermement sur l’idée que l’ordre économique et social manifeste la Providence divine et ses décrets insondables. Avec le temps, le fondement religieux s’estompe tout à fait et le capitalisme devient avant tout une contrainte économique.
Les deux études qui suivent, sur les sectes protestantes, reprennent le même problème sous l’angle de la discipline religieuse et non plus sous celui des modalités d’appropriation subjective des idées religieuses. Elles soulignent que les fondements dogmatiques sont moins en cause que le schème de la « confirmation » de l’élection divine. « Le chrétien "confirmé" est l’homme de la profession-vocation confirmé, notamment l’homme d’affaire qui, du point de vue capitaliste, est performant. » (p. 264).
Enfin les derniers textes sont des réponses à des critiques contemporaines et intéressent surtout les spécialistes de la sociologie des religions.
Points forts
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Cet ouvrage souligne l’importance économique et sociale des conduites induites par les récompenses promises par une religion.
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Les deux études sur les sectes protestantes donnent un éclairage passionnant sur les types sociologiques de la secte et de l’Église, mais aussi sur la démocratie américaine. Leur pertinence demeure intacte pour le XXIe siècle.
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Une analyse approfondie des implications sociales du calvinisme aux XVIIè et XVIIIè siècles, qui éclaire le lecteur bien au-delà du sujet propre de l’étude, sur l’impact d’autres courants chrétiens et du religieux en général.
AP
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Référence du document
Recension : « Perrin Anne, Weber Max, WEBER Max, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, suivi d’autres essais (1904-1905), Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2004 (4ème édition, 1960), 531 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/weber-max-lethique-protestante-lesprit-du