Sommaire
Résumé
Le malaise suscité par les pratiques des musulmans dans la France laïque se cristallise surtout sur l’expression de l’appartenance religieuse dans le cadre de l’Éducation nationale publique. Ce malaise existe aussi chez les jeunes « franco-maghrébins », dont l’attachement à leur « francité » est pris entre deux feux : d’un côté la propension de leurs parents à se retrouver dans leur religion et dans leur langue de naissance après ou au cours d’une vie de labeur et de déracinement ; de l’autre la stigmatisation – parfois nourrie d’une laïcité mal comprise – du « fils d’immigré » et du musulman, y compris dans la cour de l’école.
Ce livre collectif composé de six contributions entend poser la question de la présence de ces élèves « issus de… » dans une institution qui théoriquement devrait être indifférente à la généalogie de ses membres, et dont la crise reflète aussi celle de la politique d’intégration dans la société française en général.
Un chapitre historique rappelle d’abord les étapes de la politique d’intégration par l’école des populations franco-maghrébines. Le chapitre suivant se penche sur la question de la place des jeunes des minorités issues de l’immigration dans le cadre du collège unique. Le troisième chapitre analyse la citoyenneté tiraillée par la double appartenance nationale des jeunes franco-maghrébins – ce que l’auteur appelle « la maghrébanéité » – tout en niant qu’elle constitue une barrière infranchissable pour accéder à une citoyenneté véritable et ordinaire. Le chapitre suivant démontre la nécessité de promouvoir l’enseignement des faits religieux à l’école laïque pour faciliter l’intégration culturelle de ces jeunes musulmans. Le cinquième chapitre analyse la question du racisme et de l’antisémitisme dans le contexte d’une « ethnicisation » de plus en plus visible, y compris à l’école laïque. Enfin, la dernière contribution prend la forme d’un témoignage d’un professeur français d’origine marocaine qui enseigne dans une ZEP et montre que bien des jeunes « issus de… » sont souvent relégués dans un « no man’s land identitaire » par une population française qui continue de qualifier d’« étrangers » des jeunes nés en France et donc de nationalité française. « On aura fait un grand pas vers la stabilité lorsqu’ils seront considérés de facto comme étant tout simplement français, émancipés du fantasme identitaire ambigu qu’on leur prête et qui implique vicieusement le dilemme suivant : soit l’intégration soit la rupture. » (p. 93)
Points forts
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Les auteurs sont des enseignants qui se définissent eux-mêmes comme « franco-maghrébins » : ils sont doublement concernés par le sujet, du fait de leur origine et de leur profession. Leurs, contributions qui tiennent à la fois de la réflexion et du témoignage, ont l’avantage de présenter une vision du sujet traité « de l’intérieur ».
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La question de la laïcité apparaît comme l’un des aspects de questions plus larges : éducation, immigration, identité des jeunes de la deuxième ou troisième génération.
YB
Domaines religieux : Laïcité : Enseignement des faits religieux, Laïcité
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Aoummis Hassan, Chaneb Mohamed, Elmaouhal Mokhtar, Oukazi Fouzia, Idouss Khaled, Bruley Yves, AOUMMIS Hassan (dir.), L'école de la République face aux jeunes musulmans : la fausse note, Paris : l'Harmattan, 2007, 200 p. » 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/aoummis-hassan-dir-lecole-republique-face-aux-jeunes