Sommaire

Résumé

Pèlerinages et nationalisme en Palestine est un ouvrage anthropologique qui étudie les deux pèlerinages de Nabî Mûsâ et de Nabî Sâlih en Cisjordanie, et leur portée politique nationaliste en Palestine. En effet, en 1997, l’Autorité Palestinienne décide de « redonner vie » à deux fêtes musulmanes (mawsims) dédiées l’une au prophète Moïse (Nabî Mûsâ) et l’autre à un prophète coranique, Nabî Sâlih (p. 7). Bien que religieux, ces pèlerinages s’avèrent être des lieux d’« expression » et d’« exaltation » du sentiment national, et confortent le projet politique de l’Autorité Palestinienne (p. 7-8). Aussi, ces mawsims raniment plusieurs tensions au sein de la société palestinienne actuelle : des tensions entre religieux et politique ; entre familles et nation ; entre objectifs individuels et collectifs…

Cet ouvrage comporte sept chapitres :

• Le premier, Palestine, terre des prophètes, analyse le rôle des tombeaux de saints et de prophètes dans la tradition de la Terre sainte musulmane et dans la mémoire collective palestinienne, ainsi que l’importance du rituel de la visite pieuse aux sanctuaires de Palestine. Ces tombeaux représentent un élément notable de l’identité palestinienne.

• Le deuxième, Nabî Sâlih : prophète, héros et ancêtre, examine la vie et la mission divine du prophète Sâlih : il est envoyé afin d’appeler les Thamûd à croire en Dieu, mais ses appels restent sans effet sur ce peuple1. Par ailleurs, l’auteur affirme que selon les divers témoignages recueillis sur place, ce prophète est assimilé à un saint chrétien, un ancêtre familial ou un combattant pour la foi (p. 51).

• Le troisième, Moïse, le prophète qui ne voulait pas mourir, développent le sujet du désespoir et de la fuite de Moïse face à l’inéluctabilité de la mort dans les traditions judéo-chrétiennes et musulmanes.

• Le quatrième, Salâh al-Dîn, la figure du héros, expose l’omniprésence de la figure héroïque de Salâh al-Dîn (Saladin) durant les mawsims de Nabî Mûsâ et de Nabî Sâlih en Cisjordanie. Il est question d’un véritable « culte » voué au sultan ayyoubide, héros de la bataille de Hattîn (Palestine) contre les Francs (1187) (p. 133). De plus, l’auteur avance que le mythe de Salâh al-Dîn est apparu au moment de la naissance du nationalisme palestinien.

• Le cinquième, Le folkloriste comme acteur, montre la place considérable qu’occupent les folkloristes palestiniens dans l’orchestration des festivités et dans la préservation du patrimoine culturel de Palestine.

• Le sixième, Familles, pouvoir politique et mawsims, observe le rattachement d’une ancienne famille palestinienne à chacun des deux sanctuaires : le nom de la famille Husaynî est associé au sanctuaire de Nabî Mûsâ ; celui de la famille Tamîmî au sanctuaire de Nabî Sâlih. En définitive, cette association famille-sanctuaire affirme l’« ancrage » de la société palestinienne dans la « terre des ancêtres » (p. 14).

• Le septième, Processions, espace en miettes et mémoire blessée, traduit une nation palestinienne « fragmentée » qui, à travers les deux pèlerinages de Nabî Mûsâ et de Nabî Sâlih, désire encourager et exalter le sentiment national et l’appartenance à un espace qui symbolise le territoire national perdu (p. 239).

Points forts

• Une étude originale et exhaustive qui décloisonne l’anthropologie et l’étend à d’autres disciplines, telles que l’histoire, la religion, la politique…

• Des récits narratifs et chronologiques très vivants qui ponctuent et rythment l’ouvrage, et qui lui attribuent une dimension illustrative fort appréciable.

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