Quarante et une photos (couleur ou noir et blanc) in texto.
Sommaire
Résumé
L’objectif est de présenter « une civilisation diverse et changeante, et même animée d’une profonde dynamique d’essor et de transformation » (p. 1), de laquelle a émergé ce que l’on peut appeler la « modernité ». L’enjeu est de permettre au lecteur de saisir quels furent les traits essentiels de l’organisation sociale de l’Occident médiéval, mais aussi les principales représentations qui donnaient du sens à cette organisation. La démarche de l’auteur est donc à la fois ancrée, de façon revendiquée, dans une tradition historiographique, celle de « l’école des Annales », et tournée vers les apports les plus novateurs de ces dernières années, puisque c’est l’Église (Ecclesia), institution dominante et véritable épine dorsale de la société médiévale, qui est placée au cœur de l’analyse.
Le volume est organisé en deux volets. Le premier (Le point sur) fournit des clefs historiographiques, épistémologiques et historiques afin de cerner en une quinzaine de pages, assorties d’une courte bibliographie (vingt-huit titres), ce que l’on peut entendre par « mentalités », « idéologies » et « représentations ». Mais sont abordées aussi plusieurs autres questions : la manière dont s’est affirmée l’Église en tant que productrice de normes ; les tensions, résistances, voire contestations qu’elle a suscitées, enfin les logiques auxquelles répondaient les représentations médiévales. Ce dernier point fournit ainsi quelques grilles de lecture nécessaires, fondées sur l’ambivalence : « articulation du spirituel et du corporel, conjonction de l’humain et du divin, entrelacement de la chronologie et de la répétition, combinaison du local et de l’universel » (p. 15). Tout ceci resterait bien abstrait si le second volet de l’ouvrage (Thèmes et documents) n’offrait pas, rassemblées dans quatre grands thèmes (« L’Ecclesia » ; « L’espace et le temps » ; « Logiques du salut » ; « Complexité et dynamiques sociales »), vingt-trois séquences destinées à appréhender les principaux éléments composant la réalité sociale médiévale, du système ecclésial au binôme sacré / profane en passant par le calendrier (« Le cercle de l’année », p. 36-37) ou la croyance dans « le diable, ennemi suprême » (p. 42-43). Le parcours s’effectue à partir de documents connus — et donc revisités par l’auteur — ou quasi inédits, qui permettent de souligner combien l’image est produite par les hommes et les influence en retour.
Points forts
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Les atouts d’un volume de la collection « Documentation photographique » : clarté de la mise en page, beauté des images (qui sont ici bien plus que de simples illustrations), importance donnée à la dimension pédagogique (par exemple, les principaux documents peuvent être commandés sous forme de transparents projetables, avec des propositions de travaux dans un cadre collectif).
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La précision et le caractère nuancé de l’analyse, puisqu’il s’agit de montrer, moins des oppositions que des articulations entre des forces et des notions à priori contraires.
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Un postulat novateur sous-tendant le discours, qui vise à rompre définitivement avec les visions (plus que) surannées du monde moyenâgeux : « la force expansive qui conduit bientôt l’Occident vers la conquête d’autres continents ne naît pas d’une rupture avec l’ordre féodal ou d’une remise en cause de la domination de l’Église ; au contraire, ses racines les plus fermes s’enracinent dans la dynamique même qui caractérise la chrétienté féodale » (p. 15).
LV.
Référence du document
Recension : « Baschet Jérôme, BASCHET Jérôme, La chrétienté médiévale : représentations et pratiques sociales, Documentation photographique n° 8047, Paris, La Documentation française, 2005, 64 p. » La Documentation française, 2009, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/baschet-jerome-chretiente-medievale-representations