Sommaire

Résumé

À la suite de la synthèse magistrale d’É.-G. Léonard (Histoire générale du protestantisme, PUF, 1988), ce livre est une synthèse retraçant le destin des protestants français des origines à la Révolution, les huguenots. Nourri des recherches universitaires les plus récentes, et fondé sur une bibliographie abondante, l’ouvrage s’ouvre sur la fin du Moyen Age, pour sonder les racines de la Réforme française, de la fin du XV^e siècle à 1535 (chap. I). Dans le sol fertile du Moyen Age finissant, années d’une grande ferveur, le mouvement spirituel de la Réforme protestante est une mutation importante du sentiment religieux, issu d’un « bouillonnement spirituel » (p. 29). La démarche de retour aux Écritures saintes initiée par Luther est accueillie favorablement en France, dans le milieu des Bibliens. Il s’agit de réformer l’Église de l’intérieur, en se fondant sur l’Évangile, sans provoquer la rupture de l’unité chrétienne. Mais l’affaire des Placards, qui attaquent en octobre 1534 et en janvier 1535 la messe catholique, provoque une violente répression en France : le roi durcit son attitude face aux hérétiques, et la voie de la conciliation est fermée. Les réformés trouvent alors leur chef de file dans la personne de Jean Calvin, qui publie en 1536 l’Institution de la religion chrétienne (chap. II). Cet ouvrage permet au calvinisme de s’enraciner durablement en France, à partir du « centre de propagande » (p. 55) établi à Genève, formant progressivement une identité confessionnelle nouvelle, l’identité protestante (chap. III). Malgré les persécutions, les Églises réformées apparaissent, structurées sur le modèle genevois, avec un pasteur et un consistoire. Dans ces Églises, estimées à environ un millier en 1561, les sacrements sont administrés dans le respect des règles calvinistes. La poussée protestante et la détermination des autorités à réprimer ces nouveautés provoquent un choc frontal : celui des troubles et des guerres de religion (chap. IV). La confrontation des deux groupes confessionnels pose le problème de la coexistence, et la politique royale est fluctuante de 1560 à 1598, hésitant entre l’acceptation de la différence, le retour au catholicisme ou l’extermination de l’hérésie. La restauration de la paix puis la conversion d’Henri IV (1593) permet la publication de l’édit de Nantes (1598), qui accorde aux réformés un statut légal.

Face à l’État royal, si les protestants profitent dans un premier temps de l’édit, dans un second temps celui-ci est remis en cause (chap. V). Le parti huguenot est définitivement écrasé sous Richelieu, qui prive les réformés de toute puissance militaire (1629). Toutefois, les réformés conservent la liberté de conscience et une relative liberté de culte. Placées sous la sauvegarde royale et vivant dans un régime de tolérance civile, les communautés protestantes font preuve de dynamisme, malgré un certain déclin démographique (chap. VI). Le règne de Louis XIV (1661-1715) amène un changement notable de la part des autorités politiques et du clergé catholique (chap. VII). Les protestants sont en butte à une hostilité croissante, jusqu’au traumatisme de la Révocation (1685). Tous les moyens sont utilisés pour les forcer à la conversion, comme les dragonnades. La répression violente débouche sur l’émigration de certains réformés. Ceux qui restent forment une nouvelle organisation, l’Église du Désert (chap. VIII). À partir de 1715, sous l’impulsion d’Antoine Court, les communautés réformées convoquent des assemblées clandestines, modifient le culte et les institutions, échappant à la pression royale, qui s’atténue peu à peu. L’échec des conversions forcées permet la survie de la minorité religieuse au XVIII^e siècle (chap. IX). Les auteurs ont réussi une synthèse riche expliquant, malgré les guerres de religion et les persécutions multiples, l’existence du protestantisme dans la France moderne.

Points forts

• La définition des termes complexes tout au long de l’ouvrage, avec un index pour les retrouver facilement.

• La prise en compte les travaux les plus récents et des débats historiographiques, sans trancher lorsque plusieurs hypothèses explicatives sont plausibles.

• Des documents nombreux (textes, cartes et tableaux) pour appuyer le propos.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

BM