Sommaire

Résumé

Cette publication de l’École française de Rome, qui réunit des contributions en français, en italien et anglais, a pour but d’analyser les flux de pèlerins et le rayonnement géographique des grands sanctuaires catholiques (Lorette, Rome, Saint-Jacques-de-Compostelle, Bari) à l’époque moderne. Le premier article dessine une géographie européenne du pèlerinage (p. 3-126), expérience religieuse critiquée par les protestants et encadrée par l’État. À la différence de la période médiévale, les autorités administratives se méfient des pèlerins, enregistrés et assimilés aux classes dangereuses. Or la pratique du pèlerinage est bien vivante, contredisant le déclin souvent avancé après la Réforme protestante. L’exemple de Saint-Jacques-de-Compostelle montre qu’il faut distinguer les périodes : dans la seconde moitié du XVII^e siècle, le lieu attire de nombreux pèlerins, jeunes, célibataires, souvent urbains (p. 127-150) ; dans la seconde moitié du XIX^e siècle, Saint-Jacques accueille certes moins de pèlerins, mais les femmes sont numériquement en hausse (p. 151-174). Sont aussi étudiées les structures d’accueil des pèlerins, comme ceux qui traversent la Toscane (p. 209-270).

Plusieurs contributions sont consacrées à Rome, centre de pèlerinage majeur de la catholicité. Les lieux d’hébergement correspondent aux nations ou aux groupes nationaux : les pèlerins flamands, logés à Saint-Julien-des-Flamands, qui sont plus de 21 000 personnes à se rendre dans la ville éternelle aux XVII^e et XVIII^e siècles (p. 271-306) ; les Franc-Comtois, dont plus de 6 000 résident à l’hôpital Saint-Claude des Francs-Comtois au XVII^e siècle (p. 307-326) ; les fidèles allemands, qui viennent en famille depuis Cologne (p. 327-354) ; les pèlerins portugais, hébergés à Sant’Antonio dei Portoghesi et marqués par une forte dévotion (p. 355-402) ; les dévots français, principalement du nord et de l’est du royaume, réunis à Saint-Louis-des-Français (p. 403-454). Les tableaux détaillés permettent de tracer une analyse sur le long terme, soit en baisse lors des guerres et des épidémies, soit en hausse lors des années saintes. La population flottante des pèlerins est un des aspects de l’évolution des mentalités religieuses, car elle constitue une population éphémère, pratiquant une forme de rite de passage, l’entrée dans la vie adulte de jeunes hommes. L’importance de la rencontre avec les reliques sacrées ne diminue pas, négligeant les doutes sur la validité de la démarche : cet ouvrage apporte des travaux spécialisés éclairants sur les pèlerins de l’époque moderne, domaine méconnu jusqu’alors.

Points forts

• Une approche quantitative, qui s‘appuie sur des sources (registres d’hôpitaux, de confréries, journaux, récits) et des dépouillements nombreux (graphiques, tableaux, cartes).

• Des études nation par nation, qui donnent des exemples originaux, souvent peu étudiés en France (pèlerins flamands, portugais ou allemands).

• L’intérêt pour un sujet peu traité, souvent oublié des historiens, et ici bien mis en valeur.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

BM