Sommaire

Résumé

Dès l’introduction l’auteur énonce la thèse qu’il soutient depuis ses premières recherches menées au Maghreb (1988) : l’islamisme, phénomène politique a une dynamique propre. Il est l’acteur essentiel du paysage politique du monde arabo-musulman contemporain, sa rhétorique puise sa force dans le « lexique » religieux et les catégories culturelles de l’islam. Constatant les erreurs du regard occidental sur l’islamisme, la première partie recherche les « obstacles à une étude rationnelle du phénomène. Sa « généalogie » doit repérer ses « lignes de rupture » avec les idéologies nationalistes et anti-impérialistes des courants qui l’ont précédé et dont il reformule les thèmes selon une « alchimie » qui lui est propre. Sa capacité de mobilisation et d’opposition face aux pouvoirs en place tient à une puissante dynamique identitaire, à ses référents (par exemple la place centrale de la sharî‘a ; le rejet de la laïcité, qui, le rappelle l’auteur fut importée ou imposée).

La violence « islamiste » (deuxième partie) qui secoue le monde arabo-musulman de Rabat à Gaza, est analysée suivant deux catégories : violences « verticales », de nature politique (exercées contre tout pouvoir contesté) et violences « horizontales » (contre des individus, des comportements « déviants », des confessions). La violence fait l’objet d’une analyse plus fine dans trois pays : l’Égypte, l’Algérie, la Palestine. Dans la dernière partie l’auteur s’interroge sur la capacité de l’islamisme à s’adapter à la modernité en prenant l’exemple de deux questions sensibles, la démocratie et le statut des femmes. Il conclut sur les évolutions de ces courants, à l’exception peut-être de la frange des Talibans. Partout, les courants islamistes s’inscrivent dans la modernité, les mutations les traversent et font d’eux l’axe incontournable de la lente recomposition politique du monde arabo-musulman

Points forts

• Une grille de lecture de l’islamisme qui bouscule les idées reçues et refuse la vision « simpliste » des intellectuels relayés par les médias occidentaux, prompts à « diaboliser » l’islamisme. L’essai prend le contre-pied des analyses réductrices des essentialistes (expliquant l’islamisme par le fondamentalisme religieux) et celles des chercheurs1 sur la nature et l’évolution récente de l’islamisme ou qui privilégient l’étude de la « frange » la plus radicale2. La post face de 2002 donne un bilan critique de sept années de recherches académiques sur l’islamisme et combat la thèse du « déclin » tout en nuançant ses perspectives sur l’« après-islamisme ».

• La connaissance de l’auteur du monde arabo-musulman : observateur sur le terrain pendant une vingtaine d’années, il a décrypté le discours islamiste à sa source, menant de pair des dialogues avec les « acteurs » de la mobilisation islamiste et l’étude des productions des différents courants.

• La richesse des exemples analysés : en particulier le cas complexe et de la violence contre les Coptes de Haute-Égypte (ch. 6). L’auteur tente de dépassionner le débat en recherchant les causes profondes : l’affaiblissement des communautés chrétiennes d’Orient, le jeu ambigu des forces politiques profitant des tensions confessionnelles pour légitimer leur lutte contre la poussée islamiste.

• Une problématique clairement énoncée et une expression riche en métaphores.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

NS