Sommaire

Résumé

« La gauche serait-elle pour [les protestants] ce que la droite fut longtemps aux catholiques, tout au moins les plus pratiquants, leur “nature” politique ? » (p. 14). Cette interrogation préside à l’étude de PC, « contribution à une autre histoire politique de la France contemporaine » (p. 15). Un premier chapitre spécifie le protestantisme français : micro-minorité en déclin numérique, géographie éclatée suscitant plusieurs types protestants, sociologie plus complexe qu’on ne le pense ; histoire marquée par le huguenotisme (persécutions, à la mémoire entretenue) et relation en miroir avec le catholicisme, expliquant le ralliement à la République et au libéralisme ; balancement cyclique entre engagement et repli. Les six chapitres suivants déroulent une histoire mettant en valeur la période 1870-1920 (étendue jusqu’aux années 1950 avec le chapitre 4, socio-politique, « Du gouvernement aux terroirs » qui analyse le vote protestant radical-socialiste, poursuite d’une confrontation séculaire avec le catholicisme). La République des républicains, à partir de 1870 et jusqu’aux années 1890, est sous l’influence de protestants, importateurs et traducteurs d’idées au moment où la France se modernisait après Sedan (ch. 2). L’enracinement républicain et le développement d’une laïcité offensive rendent le soutien protestant à la République plus critique et soucieux de libéralisme. Par ailleurs, les protestants s’engagement fortement en faveur de Dreyfus (ch. 3). La Première Guerre mondiale conduit une partie d’entre eux à se rallier au patriotisme et au nationalisme. Des droites protestantes naissent, dont l’une appuie l’antiprotestant Maurras (ch. 5). La proximité avec Vichy est comparable à celle du catholicisme, mais les persécutions antisémites conduisent à une rupture rapide (1941-1942) des liens, en faveur de la Résistance (ch. 6). Le gaullisme, dissociant droite et cléricalisme, perturbe les clivages, permettant un vote protestant à droite, alors que les instances dirigeantes du protestantisme veulent avoir une influence socio-politique. Les mutations de la société française brouillent la géographie électorale protestante (développement des évangéliques, urbanisation). Demeure une manière protestante de faire de la politique : le refus de la sacralisation (ch. 7). Ainsi, « C’est [...] le tragique de leur héritage et la folle reconnaissance [des protestants] envers les sociétés et les idéologies qui s’ouvrirent à eux et les proclamèrent égaux, qui fondent [...] quelle que soit leur réussite sociale, l’insistant ancrage à gauche » (p. 244).

• Domaine. Christianisme.

• Sous-domaines : Protestantisme. Période contemporaine. Relations avec les pouvoirs publics. Vie politique. Représentations collectives et mentalités.

• Profil : Ouvrage spécialisé.

Points forts

La première histoire politique du protestantisme français, qui complète les histoires politiques du catholicisme, en rationalise un mythe politique.

Le souci de la complexité du réel et des évolutions socio-géographiques dans le temps long, une finesse d’analyse tant pour le passé que pour le présent, notamment au niveau électoral.

Un premier chapitre qui présente vigoureusement les particularités et l’identité du protestantisme français.

Utilisation possible dans les programmes scolaires