Sommaire

Résumé

Constamment présente dans l’Occident chrétien du Moyen Âge, la Bible y est à la fois un modèle de vie et un langage. L’opposition de ces deux axes — l’attitude objective face aux textes / mythes, l’expression subjective que ceux-ci permettent — est génératrice d’une tension caractéristique qu’il faut prendre en compte si l’on veut cerner « l’essence de l’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval » (p. 8). Le projet de l’auteur est moins de faire l’histoire de cette exégèse et d’en étudier les thèmes, que d’analyser ses mécanismes et ses méthodes afin de « comprendre le système dans son fonctionnement réel, intime » (p. 30).

L’ouvrage s’ouvre sur la présentation des « présupposés herméneutiques » (chap. I) d’une démarche consciente d’elle-même — un texte inspiré, un corpus fermé, un texte évolutif — et se clôt sur une tentative visant à dégager les lignes de force de la pratique exégétique (chap. VIII : « La réflexion herméneutique »). Cette tentative revient à s’intéresser aux raisons du passage d’une « exégèse confessante, de type traditionnel, dans laquelle inspiration et vécu jouent un rôle prépondérant » (p. 389), à une exégèse que l’on pourrait qualifier de scientifique, fondée sur les catégories d’une recherche rationnelle.

Entre ces deux pôles, le cœur de l’enquête est formé de six chapitres. L’auteur définit d’abord les trois « genres » de l’exégèse médiévale (chap. II), c’est-à-dire les formes et les caractères propres aux textes produits par trois types d’exégèses apparus successivement sans se remplacer complètement : celui des monastères, héritée du haut Moyen Âge ; celui des écoles, à partir du xii^e siècle et celui des universités, à partir du xiii^e siècle. Ensuite est abordé le problème des « formes » (chap. III), qui pose en soi plusieurs difficultés que l’auteur tâche de résoudre grâce à la distinction entre « formes simples » et « formes complexes ». Parmi les premières, en particulier, la glose, c’est-à-dire un mot du texte biblique suivi de son explication, ou la nota, qui n’a qu’un lien ténu avec le texte de départ. Quant aux secondes, elles renvoient à la structure globale du commentaire. Si les savants médiévaux ont excellé dans ce dernier, il ne faudrait pas croire pour autant qu’ils ont négligé le travail critique sur le texte, qui était même considéré, entre les xii^e et xiv^e siècles, comme une étape préliminaire nécessaire à l’exégèse. C’est ce que montre l’auteur dans le chapitre IV, avant de s’arrêter sur l’opposition entre sens littéral (chap. V) et sens spirituel (chap. VI), fondement même de l’exégèse chrétienne de la Bible.

Enfin, le chapitre VII est consacré au rapport qu’entretinrent, sur le plan de la polémique ou de l’échange, dans des croisements et des influences réciproques, les exégèses chrétienne et juive.

Points forts

• Une démarche solidement ancrée dans une profonde connaissance des textes, bibliques et médiévaux, mais qui emprunte aussi, de façon libre et féconde, aux travaux des spécialistes de l’Antiquité, de l’anthropologie et de la littérature — sur l’analyse des mythes en particulier.

• Le chapitre VII, dénouant les fils d’une « histoire mêlée » (p. 368) entre les exégèses juive et chrétienne à partir de leur origine commune, l’exégèse hellénistique.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

L.V.