Bibliographie, index.
Sommaire
Résumé
Fils d’un cordonnier calabrais analphabète, Tommaso Campanella (1568-1639) est un moine dominicain, philosophe réputé et moqueur. De ce personnage mystérieux, l’auteur livre une biographie foisonnante en deux parties, retraçant d’abord sa vie de manière chronologique, puis s’interrogeant sur les énigmes constitutives d‘une vie riche et protéiforme.
Dans un premier temps, l’ouvrage s'attache à décrire les éléments biographiques du personnage. Les premières années de sa vie se déroulent le long des pentes escarpées de Calabre, où il est formé chez les frères prêcheurs et se nourrit de nombreuses lectures (chap. 1). Après un premier procès pour hérésie, il visite Rome et Padoue. Il est à nouveau arrêté en 1594 pour le même motif et torturé sur ordre de l’Inquisition romaine (chap. 2). Revenu en Calabre, il participe en 1599 à une conjuration contre le vice-roi de Naples, alors sous domination espagnole (chap. 3). Le « lamentable échec » (p. 91) de ce complot le mène une nouvelle fois à la prison (chap. 4). Devant le tribunal religieux, Campanella défend une vision millénariste et interprète l’Apocalypse dans une perspective historique ; toutefois il a l’habileté de simuler la folie pour échapper au bras séculier et à la mort (chap. 5). Condamné par le Saint-Office, il est emprisonné pendant vingt-sept ans (chap. 6), malgré des demandes renouvelées de libération (chap. 7). Cela ne l’empêche pas d’écrire et de publier depuis sa prison (chap. 8). Proche du pape Urbain VIII, il est enfin libéré en avril 1629 (chap. 9). Son soutien à Galilée lui cause de nouveaux ennuis (chap. 10). Il est obligé de quitter Rome (chap. 11). Il reçoit un accueil d’abord chaleureux puis irrité à Paris (chap. 12). Après quelques publications, il termine sa carrière comme conseiller de Richelieu (chap. 13).
Dans un second temps, l’auteur met en lumière les contradictions du personnage et les interrogations auxquelles son œuvre et sa réputation restent attachées. Son ouvrage le plus célèbre est La Cité du soleil, une utopie socialisante qui prône à la fois une théocratie et une organisation communiste, devant achever le projet divin et rendre le bonheur à l’humanité (chap. 14). Campanella est anti-aristotélicien (chap. 15). Il est par ailleurs convaincu de devoir édifier une nouvelle philosophie, dirigée contre les païens (chap. 16). Sa curiosité insatiable le pousse à étudier aussi bien la magie surnaturelle (chap. 17) que l’astrologie (chap. 18), rédigeant des horoscopes pour les plus hautes autorités (chap. 19). L’auteur dessine ainsi le portrait d’un religieux dont la liberté de penser étonne (chap. 20) et qui se comporte comme un prophète annonçant le siècle d’or et l’accomplissement de la volonté de Dieu (chap. 21). Conseiller dans les affaires politiques et religieuses, il écrit La monarchie d‘Espagne, formant le projet d’une monarchie chrétienne universelle (chap. 22) et développant des conseils géopolitiques pour unifier le monde (chap. 23). Hostile à Machiavel, Campanella défend une théorie politique dans laquelle le bien coïncide avec la vertu (chap. 24). En dépit de sa défense acharnée du catholicisme et de son hostilité au protestantisme et à l’athéisme (chap. 25), il reste suspect en raison du manque d’orthodoxie de ses propos, notamment au sujet du péché originel (chap. 26), alors que lui-même déclarait, quelques jours avant sa mort : « L’Église n’a pas de meilleur défenseur que moi » (p. 497).
Points forts
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Un récit alerte et bien écrit de la vie de Campanella, véritable personnage de roman, érudit qui a soutenu des opinions iconoclastes, abordé ici dans une perspective religieuse et historique.
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Des éclairages lumineux sur l’aplomb étonnant d’un homme qui a passé trente ans en prison, écrivant sans relâche aux autorités les plus influentes de son temps, au roi d’Espagne ou à Galilée.
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Une bibliographie commentée, qui permet à la fois de connaître les principaux écrits de Campanella et de se repérer dans la production abondante consacrée à cet auteur.
BM
Référence du document
Recension : « Delumeau Jean, Marceau Bertrand, DELUMEAU Jean, Le mystère Campanella, Paris, Éditions Fayard, 2008, 593 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/delumeau-jean-mystere-campanella-paris-editions