Sommaire

Résumé

L’A. s’intéresse dans cet ouvrage à deux types de peurs : les « peurs spontanées, ressenties par de larges fractions de la population » et les « peurs réfléchies découlant d’une interrogation sur le malheur conduite par les directeurs de conscience de la collectivité, c’est-à-dire avant tout par les hommes d’Église » (p. 22). La première partie de l’ouvrage examine le premier type de peurs, celles du « plus grand nombre » : peur de la mer, de la nouveauté et des revenants, par exemple. Sont ensuite examinées les réactions collectives de frayeur lors d’événements particuliers : temps de peste, temps de séditions et de révoltes.

La deuxième partie de l’ouvrage analyse la présence d’un discours de peur dans la « culture dirigeante », principalement (mais pas uniquement) la culture cléricale. Ces peurs reflètent le sentiment obsidional d’un Occident qui se sent menacé et croit la fin de l’histoire proche. Les frayeurs eschatologiques connaissent alors une vigueur renouvelée tandis que la peur de Satan et de son pouvoir prend de plus en plus possession des clercs. Afin d’asseoir la croyance en l’action maléfique du diable au cœur de la Chrétienté, les clercs désignent certaines populations comme ses agents les plus efficaces : idolâtres américains, musulmans et juifs. Un chapitre entier est consacré au discours sur la femme, perçue elle aussi comme une alliée naturelle du démon. La répression de la sorcellerie est alors liée à cette misogynie fondamentale et structurelle.

En conclusion, l’A. avance l’idée selon laquelle si, à partir des années 1650, les peurs ont en partie reculé en Europe, c’est grâce à la réussite de l’œuvre d’inculturation de la culture des élites dans les mœurs et les croyances du peuple. Face à l’implantation de cette nouvelle culture dans une part plus large de la population, ces différentes peurs perdent de leur acuité et semblent relever d’un autre âge.

• Domaine : Christianisme.

• Sous-domaines : Catholicisme. Clergé. Représentations collectives et mentalités. Pratiques religieuses. Croyances. Moyen Âge. Renaissance. Réforme et Contre-Réforme. Anthropologie.

• Profil : Ouvrage spécialisé.

Points forts

• Un dossier documentaire impressionnant et large : que ce soit du point de vue chronologique (xiv^e-xviii^e siècle) ou géographique (utilisation de sources en provenance de toute l’Europe).

• La construction de l’ouvrage se fait autour d’une problématique précise, mais l’A. est toujours attentif à ne pas déformer la réalité du passé pour qu’elle corresponde à son schéma d’interprétation : les différences régionales (cf. le passage sur le moindre succès de l’antisémitisme en Italie par rapport aux autres pays catholiques p. 294-297) sont bien mises en valeur.

• Un dialogue surprenant et fécond entre les différentes sciences humaines : la psychiatrie, la psychanalyse et la sociologie sont mises à contribution.

• De larges citations pouvant fournir des exemples détaillés dans un cours émaillent le corps de l’ouvrage : par exemple, p. 379, édition de l’interrogatoire d’une sorcière présumée en 1657 au Luxembourg.

• L’index thématique permet de retrouver aisément les informations.

Utilisation possible dans les programmes scolaires

C.M.