Sommaire

Résumé

L’ouvrage relate la « grande discorde » à l’origine de la séparation entre sunnites et shî’ites (ces derniers partisans de ‘Alî, gendre du Prophète).

La première partie, « L’époque fondatrice », évoque brièvement l’Arabie avant l’islam, puis la naissance de la nouvelle religion et les étapes de la formation du premier État islamique à Médine. Un événement majeur, la conquête, unifie les Arabes poussés hors de l’Arabie par leur foi et l’attrait du butin (voir E. Bosworth, « Les armées du Prophète », dans le volume L’Islam dirigé par B. Lewis ).

Les deuxième et troisième parties sont consacrées au récit et à l’analyse de la terrible « crise » de la Fitna déclenchée par « la déchirure du meurtre » du troisième calife, ‘Othmân en 656. La quatrième partie « Pacifisme et intransigeance », est une relecture de l’arbitrage imposé à l’issue de la rencontre de Siffîn (657) et récusé par des dissidents, les khâridjites « cramponnés au Coran » (p. 287). À l’encontre de la Tradition islamique, qui fait de Siffîn la rupture décisive dans la communauté islamique, H. Djaït considère que le massacre des khâridjites à Nahrawân en Irak (658) par ‘Alî est la véritable coupure.

La dernière partie, « La lutte pour le pouvoir », est le récit du heurt entre deux visions de l’islam et de la politique, incarnées par ‘Alî et l’Omeyyade Mu‘âwiya qui prend le pouvoir en 661.

En conclusion, selon l’auteur, ‘Othmân rompt avec l’« islam fondateur » du Prophète et des deux premiers successeurs en établissant un pouvoir aristocratique « au détriment des valeurs islamiques » (p. 409). Cette évolution du legs prophétique provoque les violentes contestations, celle de ‘Alî qui se pose en successeur « légitime » et la réaction des partisans d’un islam se réclamant du Coran.

Points forts

• Tout en affirmant sa « sympathie » (p. 13) pour cette période fondatrice de l’islam, H. Djaït soumet à une investigation historique la Fitna, « Grande Discorde » (sans modifier cependant le point de vue conforme à la tradition sunnite, qui réduit l’assassinat du calife ‘Omar à un accident [p. 14] et voit dans le meurtre de ‘Othmân la source des dissensions dans l’islam des origines et de la rupture dont sont issus les grands clivages de l’islam entre khâridjites, shî’ites et sunnites).

• Une connaissance approfondie et un examen critique des sources arabo-musulmanes (p. 164-179), en particulier des traditions recueillies dans deux ouvrages monumentaux par des chroniqueurs du IX^e siècle, al-Balâdhurî (Ansâb al-Ashrâf) et al-Tabarî (Histoire des Rois et des Nations).

• L’art du récit : les deux grands affrontements en Irak (la sanglante bataille du Chameau en 656 et Siffîn, 657), les cinq années de « discorde » racontées comme un drame avec ses protagonistes (les Compagnons, les « guerriers-récitants », ‘Â’isha, ‘Alî…).

• Un exposé clair des enjeux, des motivations des partisen présence. La problématique des rapports complexes entre politique et religion à travers la Fitna qui perdure dans l’histoire des sociétés musulmanes jusqu’à nos jours. L’auteur montre bien comment les sunnites ont idéalisé les premiers califes, les « Bien guidés » (Râshidûn) et l’« islam des origines » comme modèle parfait et indépassable.

Utilisation possible dans les programmes scolaires