Annexes, index des noms de lieux, index des noms de personnes, bibliographie, illustrations nombreuses.
Sommaire
Résumé
S’inspirant du monumental Dictionnaire des protestants de France publié au XIXe siècle par Eugène et Émile Haag, cette publication, issue des travaux d’une quarantaine d’historiens réputés (comme J. Baubérot et E. Labrousse), est à la fois « un résumé panoramique du protestantisme français et une histoire du protestantisme province par province » (p. 5). Publié pour la première fois en 1992, ce livre fait l’objet ici d’une réédition augmentée et corrigée. L’ouvrage est divisé en deux parties bien distinctes : d’abord une histoire des protestants français de la Réforme à nos jours, puis une étude des lieux de la mémoire protestante, minorité religieuse profondément enracinée dans le sol français depuis le XVIe siècle.
La première partie est découpée suivant un plan chronologique, qui suit les cinq siècles d’histoire succédant la rupture décisive de Martin Luther dans les années 1517-1521. Le premier chapitre est consacré au XVIe siècle, qui en réponse à l’angoisse du salut voit d’abord la diffusion de l’évangélisme, puis la formation d’Églises réformées sous l’influence de Calvin à partir des années 1540, et enfin la naissance du parti protestant français, qui est un des acteurs majeurs des guerres de religion. Après la pacification d’Henri IV et la tolérance civile instituée avec l’édit de Nantes (1598), le deuxième chapitre aborde le XVIIe siècle, période charnière pendant laquelle le statut des réformés est progressivement remis en cause jusqu’à la Révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV (1685), qui pousse près de 200 000 protestants à l‘émigration. Le troisième chapitre étudie le XVIIIe siècle, « la renaissance après la tempête » (p. 66), car les Églises réformées se rétablissent rapidement. La Révolution apporte un changement durable et heureux pour les protestants en accordant la liberté religieuse, malgré les persécutions, brèves et violentes, lors de la Terreur Blanche (1815). S’ouvre alors avec le quatrième chapitre – le XIXe siècle – et le régime des cultes reconnus qui reconnaît l’égalité entre tous les citoyens de quelque confession qu’ils se réclament. Relevons ainsi le mariage du duc d’Orléans avec une princesse luthérienne, au cours d‘une double cérémonie catholique puis protestante (1837), témoignant de l’évolution de l’opinion française, qui accepte le fait protestant. Les protestants accèdent aux plus hautes fonctions de l’État sous la monarchie de Juillet, à l’instar de François Guizot, premier ministre de fait entre 1840 et 1848, puis ils participent en nombre aux institutions républicaines lors de la fondation de la IIIe République.
Le cinquième chapitre clôt avec le XXe siècle la partie chronologique. La séparation des Églises et de l’État ne modifie pas radicalement la situation des réformés, qui sont en léger repli dans l’entre-deux-guerres (2% de la population française), mais se distinguent lors de la Seconde Guerre Mondiale, notamment dans les sauvetages des juifs (presque 10 % des médailles de Justes des Nations obtenues en France sont attribuées à des protestants). L’après-guerre est une période faste, marquée par l’essor de l’œcuménisme, et rassemblant dans les années 1970 les différentes tendances au sein de « l’unité plurielle » (p. 129). Aujourd’hui, on remarque la progression des nouveaux mouvements réformés, dits évangéliques.
La seconde partie met en exergue les patrimoines locaux, hérités d’une longue histoire, souvent douloureuse. La France protestante apparaît dans ses « lieux de mémoire » (P. Nora), riche d’une grande diversité. Il y a loin du « vieux Paris, témoin des origines du protestantisme français » (p. 161) au protestantisme luthérien, qui imprègne fortement les églises alsaciennes (p. 233-265) avec les sept églises historiques de Strasbourg. On saisit bien que l’identité protestante a été fixée tôt, avec la désacralisation de la religion traditionnelle des Français, mais que cette identité recouvre des situations régionales nuancées, suivant le succès de la propagande évangélique. Ainsi les Cévennes et le Languedoc (p. 308-352), zone ayant connu la plus vaste implantation protestante depuis le XVIe siècle, sont un exemple de terre de mémoire protestante, du mont Lozère à Nîmes ou à Saint-Jean-du-Gard. Au contraire, l’étude de la Bretagne et du Berry (p. 397-414) montre bien la discrétion des vestiges protestants, souvenirs souvent douloureux ou tragiques. La seconde partie de l’ouvrage offre donc un tableau vivant et nuancé de la France protestante, suivant les particularismes locaux.
Points forts
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Une illustration très riche, moderne et contemporaine, qui peut être utilisée pour la préparation de cours ou d’exposés (tableaux, cartes, portraits, gravures, émaux, photographies).
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Une approche région par région, qui permet de trouver des exemples précis concernant toutes les provinces françaises.
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Le découpage séculaire offre un résumé pratique pour les programmes d’histoire du secondaire, chaque période étant caractérisée finement. Le lecteur peut suivre pas à pas la lente construction de l’homme réformé français.
Utilisation possible dans les programmes scolaires
Classe |
Discipline |
Thèmes du programme |
Primaire |
La Réforme, les guerres de religion |
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Cinquième |
Histoire |
Les Réformes protestante et catholique (Renaissance) |
Quatrième |
Histoire |
Les divisions de l'Europe chrétienne entre catholiques et protestants (17e siècle) |
Seconde |
Histoire |
Humanisme et Renaissance : Réformes protestante et catholique (Renaissance) |
Première professionnelle |
Histoire |
Le fait religieux depuis 1850 - l'évolution des trois grandes religions monothéistes (mots-clés : monothéisme, croyance, rite, pratique, Église, communauté, fondamentalisme, pratiques religieuses |
BM
Domaines religieux : Europe et religions : France, Christianisme, Christianisme : Rites et pratiques, Christianisme : Doctrines et courants : Églises protestantes, Christianisme : Période : Réforme et Contre-Réforme, Christianisme : Politique et société : Relations avec l’État
Guide des ressources : Information : Ouvrages
Référence du document
Recension : « Marceau Bertrand, Dubief Henri, Poujol Jacques, DUBIEF Henri, POUJOL Jacques (s.d.), La France protestante. Histoire et lieux de mémoire, Paris : Les Éditions de Paris / Les Éditions La Cause, 3e éd., 2005, 454 p. » 2008, , IESR - Institut d'étude des religions et de la laïcité , mis à jour le: 12/16/2016, URL : https://irel.ephe.psl.eu/ressources-pedagogiques/comptes-rendus-ouvrages/dubief-henri-poujol-jacques-sd-france-protestante